Jean Galtier-Boissière, dans "Mon journal depuis la libération", écrit à la date du 1er septembre 1944 :
Les journaux parisiens sont pleins d'atrocités nazies; prisonniers F.F.I aux yeux crevés, aux ongles arrachés, avant d'être abattus sauvagement. Incommensurable stupidité des Boches ! Une ville anéantie par un bombardement, dix mille femmes et enfants carbonisés dans les ruines, c'est la guerre, d'après l'éthique contemporaine. Mais ces demeurés perpétuent l'atrocité désuète, périmée, démodée, le crime individuel et nominatif, et les mutilations des peuplades sauvages.
On découvrira de nombreuses fosses communes, des cadavres abandonnés en pleine forêt ou sommairement enterrés au bord de la route. Souvent les victimes sont dépourvues de papiers. Les familles à la recherche d'un parent disparu pendant l'insurrection sont invitées à venir reconnaître ces anonymes. Cela explique le grand nombre de tombes portant comme simple épitaphe "Inconnu mort pour la France" dans les cimetières de la région parisienne, les avis de recherches dans les journaux et les actes de disparition rédigés en vertu de l'ordonnance du 30 octobre 1947, les jugements déclaratifs d'absence qui, après un délai de cinq ans, peuvent être transformés en jugements déclaratifs de décès à la demande de la famille.
|
Le gardien de la paix Caffi, originaire de Fontenay sous Bois en poste au commissariat de police de Vincennes, qui a miraculeusement réchappé au massacre, conduit les autorités au château de Vincennes. Dans le fossé bordant le périmètre sud du polygone, sous un renflement de terrain, à peine à quarante centimètres de profondeur, douze cadavres. Un employé du métropolitain a été identifié. Une seconde fosse, située en bordure de l'allée des Maréchaux, puis une troisième … Certaines victimes ont le crâne défoncé à coups de crosse, l'une a les mains entourées de linges ensanglantés. Douze corps dans la première, onze dans chacune des deux autres…. |
|
|
|
Au champ de tir d'Issy les Moulineaux des poteaux d'exécution sont découverts. Le mur de la salle est recouvert de plaques d'amiante chauffées électriquement. A quelles fins ? |
|
|
Des prisonniers allemands sont chargés d'ouvrir la fosse commune dans laquelle ont été enfouis à la hâte les derniers fusillés de la Libération de Paris. On identifie, entre autres, le gardien de la paix Germain Bedeau capturé rue des Morillons |
|
|
Au fort de Romainville, onze cadavres sont découverts le 21 août 1944; ils ont été assassinés par des Géorgiens de l'Armée Vlassov qui ont terrorisé la ville avant de s'enfuir. |
|
|
Treize cadavres sont découverts dans un sous-bois à Congis, il s'agit des F.F.I portés disparus à Choisy le Roi quelques jours auparavant. |
|
|
Après la prise du Sénat, on découvre dans les Jardins du Luxembourg une fosse commune. |
|
|
En fait les cadavres de ces 42 patriotes on été exposés dans ce garage de la rue Chardon Lagache (16ème) le 17 août au matin afin que les familles puissent venir identifier les victimes. Abattus à la mitraillette et achevés à coups de grenades, ces hommes ont été découverts à la cascade du Bois de Boulogne. |
|
|
Au 180, rue de la Pompe (16ème), sévissait l'agent de l'Abwehr Friedrich Berger, spécialisé dans la traque des résistants. L'Iranien Zulgader, le Luxembourgeois Zimmer, les Français Giucciardini, Delfau, Vaugeois etc … furent ses adjoints particulièrement efficaces. |
|
Les voisins qui entendirent pendant des mois cris, hurlements et rafales de mitraillettes, conduisent la police sur place. Ils donnent des précisions : le chef circulait dans une Hotchkiss grise décapotable immatriculée 7231 PG 2; la bande est partie à bord des véhicules 6853 RN 3, 6301 RK 3, 9252 RL 4, 8593 RM 7, 3127 RL 6 et 9435 RL 2. Et rajoutent que la bande était ravitaillée en viande, vins et champagne par une camionnette de Bezons (Seine et Oise) à l'arrière de laquelle était peint le nom de Andouart … (Sur l'annuaire des Postes je trouve bien un Andouart Léon 57, rue Jean Jaurès à Bezons (tél : 0.50). Mais il est entrepreneur en construction mécanique et non épicier). |
|
|
|
Le 7 décembre 1944 des soldats américains cherchent du sable dans la forêt de Fontainebleau, au lieu-dit "le champ de tir" dans la plaine de Chanfroy. Les premiers coups de pelle laissent apparaître des corps enchevêtrés …quatorze au total, tous ont les mains liées dans le dos. Une deuxième fosse est découverte cent cinquante mètres plus loin. |
|
|
|
Le docteur Paul, médecin légiste, examinera les 36 victimes. 28 d'entre elles portent des traces de coup de feu dans la nuque, l'un des suppliciés a tenté de se suicider avant d'être exécuté. L'enquête établit que la première fosse contient les corps des 14 détenus disparus de la prison de Fontainebleau, la seconde 22 maquisards de Villebéon et d'Achères. Les exécutions remontent au 21 juillet et au 17 août 1944. Une chapelle ardente est installée boulevard Magenta à Fontainebleau. Onze corps ont été identifiés; la presse donne des renseignements qui pourraient permettre l'identification des inconnus. Les obsèques ont lieu le jeudi 14 décembre 1944 dans une chapelle spécialement aménagée sous le marché couvert de Fontainebleau.