La veillée d’armes

Les troupes alliées ont débarqué le 6 juin 1944 en Normandie. L'armée allemande n'a plus la capacité de les repousser à la mer. Le Haut Commandement a cru longtemps qu'il s'agissait d'une manoeuvre de diversion, en attendant le vrai débarquement plus haut sur les côtes françaises, et n'a donc pas jeté dans la bataille toutes ses troupes. Il n'empêche, les soldats allemands livrent une résistance acharnée à l'avance des anglo-américains. La bataille du bocage coûte cher en hommes et en matériels. Les Parisiens suivent avec beaucoup d'attention les nouvelles du Front de Normandie. Radio-Paris parle de l'héroïque résistance allemande face à l'envahisseur, Radio-Londres cite l'avancée triomphale des libérateurs de l'Europe.

Mais certains signes ne trompent déjà plus les Parisiens. Des troupes allemandes, en tenues camouflées, traversent la capitale d'Ouest en Est. Nombreuses sont les ambulances qui déversent leurs blessés dans les hôpitaux parisiens. On a vu des services déménager leurs archives et fermer les bureaux. Tous les véhicules sont réquisitionnés, du camion à la voiture en passant par la bicyclette et la charrette. Il est vrai que les troupes entrées si martialement en juin 1940 dans la capitale en partent chargées du produit de leurs pillages. Le gratin de la collaboration prend le chemin de l'Allemagne. Certains parce qu'ils veulent continuer le combat en attendant un renversement de situation, d'autres parce qu'ils savent que l'affaire est entendue et qu'ils vont bientôt avoir des comptes à rendre.

La presse parisienne qui n'a plus que quelques semaines à paraître rend compte des événements militaires mais publie aussi, à l'attention de ses lecteurs, des informations pratiques sur la vie quotidienne.

Le Petit Parisien

3 août 1944

Les statistiques mélangent délits de droit commun et activités terroristes.

34 étrangers ont été internés. Des Juifs ? Le dernier train de déportation partira le 15 août 1944 de la gare de Pantin.

77 usurpations de la qualité de policier. Cette activité lucrative se poursuivra bien après la libération. Il est si simple de menacer sa victime d'une arrestation et de lui soutirer son argent.

Le Petit Parisien

4 août 1944

Les Alliés sont à 150 kilomètres de Paris !

Hormis quelques "illuminés" qui s'engagera ?

J'ai quand même trouvé un jeune homme qui, par dépit amoureux, le fera et sera incorporé à la Caserne de Clignancourt. Heureusement pour lui, les premiers coups de feu de l'insurrection lui ouvriront les yeux et il désertera pour se battre vaillamment du côté des F.F.I

Le Petit Parisien

8 août 1944

Les nombreuses interruptions des transports en commun commencent à paralyser la capitale.

 

Le Petit Parisien

8 août 1944

certains personnels ne peuvent plus se déplacer pour assurer leur service.

Le Petit Parisien

12 août 1944

Instauration d'un couvre-feu. Les horaires fluctueront en fonction des évènements. Lors des premières escarmouches entre F.F.I et soldats allemands, il sera fixé à 18h00. Les rues devront être désertes. Cela permettra de traquer plus facilement les terroristes.

Le Petit Parisien

12 août 1944

Le ravitaillement, déjà réduit à sa portion congrue depuis des mois, ne suit plus. L'Ouest de la France ne peut plus approvisionner Paris.


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Le Petit Parisien

15 août 1944

Plus de métro … de l'électricité entre 22h00 et minuit.


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Le Petit Parisien

15 août 1944

Seuls les théâtres comme l'Ambigu, les Bouffes parisiens, la Comédie des Champs Elysées … qui peuvent jouer à la lumière du jour maintiennent leurs représentations. Le théâtre de la Potinière, vantant sa coupole vitrée, laissant passer la lumière impeccable du jour, et son garage couvert pour bicyclettes, donnera en soirée à 19h00 "Les 2 Messieurs de Madame", le nouveau grand succès de gaîeté.

Le Petit Parisien

17 août 1944

Nouveau règlement à la Loterie nationale : les boules numérotées sortiront de cinq sphères au lieu de six à partir du 24 août.

Le Petit Parisien n'aura pas l'occasion de donner les résultats du tirage du 24 août. Il sera remplacé, comme ses confrères, par la presse de la libération qui rendra compte de l'insurrection (voir Documents et Journaux pour consulter les unes de la presse de la libération).