Peut-on mourir pour un drapeau ?

Témoignage de Louis Meunier fils

(texte et documents de Louis Meunier, membre du comité de Nanterre de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance)


plaque commémorative (collection Louis Meunier)


René Meunier
(collection Louis Meunier)


Louis Meunier
(collection Louis Meunier)

Dimanche 20 août 1944, Paris vient de s'insurger. A moins d'une portée de canon, à Nanterre, le comité de libération s'est réuni dans l'arrière salle du café Gaston, place du Martray (aujourd'hui place Gabriel Péri). Le plan définitif du soulèvement de la ville et de la reprise de la mairie vient d'être mis au point. Ce sera pour le lendemain matin. Les anciens FTP communistes clandestins sont désormais des FFI au grand jour, depuis que le Conseil National de la Résistance (CNR) constitué par Jean Moulin (alias Max), sous l’égide du Général de Gaulle le 27 mai 1943, a lancé le processus qui a conduit à la réunification de toutes les résistances, aboutissant au début du printemps 1944 à la naissance des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

L'heure du couvre-feu approchant, les hommes se dispersent. René Meunier, chargé de la propagande et son fils Louis, responsable régional des jeunes résistants, enfourchent leurs bicyclettes et se dirigent vers le quartier des Fontenelles pour regagner le domicile familial. Ils croisent un camarade dit "Tito", arrêté par la police française lors de la manifestation interdite du 14 juillet à Puteaux, et qui vient d'être libéré de la prison de la Santé (*). Ils discutent avec lui une dizaine de minutes. Tous trois sont pressés. Il faut se séparer. Place Jean-Baptiste Plainchamp des camions apparaissent sur le boulevard du Nord. Un barrage ? Les deux hommes sont armés et doivent absolument échapper à un éventuel contrôle. Ils tournent donc aussitôt dans la rue Saint-Denis, puis rue du Grand-Champ et encore à droite dans la rue de la Mairie. Ils comptent regagner le boulevard du Nord quand le convoi sera passé. Mais quatre soldats les attendent à l'angle de la rue Volant. Ils sont arrêtés. Au cours de la fouille, le brassard FFI et le revolver de Louis sont découverts. Hasard de fortune, les soldats ne trouvent pas ceux de René qui se trouvent dans la poche arrière de son pantalon. Peut-être parce qu’il se tient appuyé contre la selle de sa bicyclette? Le père et le fils sont conduits à coups de crosse à la caserne des pompiers distante d'à peine une centaine de mètres. Des drapeaux français et alliés flottent sur la tour de la sirène d'alerte, hissés par les pompiers volontaires à la fin de leur service.

(*) Le consul de Suède Raoul Nordling a obtenu du général von Choltitz la libération des détenus politiques


Marianne Andreucci-Pastor  "Nanterre 1939-1945"
Société d'histoire de Nanterre

L'officier SS qui commande le groupe de soldats de la Wehrmacht ordonne à Louis d'aller décrocher ces drapeaux. Ce dernier refuse net… il est collé au mur dans la cour et aussitôt mis en joue par les soldats. Son père leur crie d'arrêter… il va y aller… il va décrocher ces drapeaux. Et il monte dans la tour suivi par deux Allemands. Sur la plate-forme il a quelques difficultés à se hisser sur la terrasse. Des soldats postés dans la rue tirent dans sa direction pour "l'encourager". René décroche les drapeaux et redescend. De retour dans la cour il ne voit pas son fils. Se serait-il échappé en sautant par dessus le mur de l'ancien cimetière, espère-t-il alors ? Plus vraisemblablement il devrait se trouver dans un des camions bâchés dans lequel lui-même est poussé… Les camions partent vers le Mont Valérien. René est enfermé, seul, dans une petite pièce. Craignant l'interrogatoire, menotté, il se contorsionne pour se débarrasser de son revolver en le cachant sous une armoire. Une heure plus tard il est extrait de sa cellule et conduit dans une grande salle où se trouvent d'autres otages. Le mardi 22 août en fin de soirée ils seront échangés miraculeusement contre des prisonniers allemands détenus à la Préfecture de police grâce à l'entremise du consul de Suède.

Ce n’est qu’à son retour qu’il apprendra le sort tragique de son fils. La pétarade des soldats à son encontre avait masqué les trois coups de feu tirés dans le réfectoire de la caserne des pompiers. L'officier SS avait exécuté Louis à l'abri des regards. Une fois les soldats partis, les locataires de la maison d'en face se sont précipités. Louis gisait dans une flaque de sang. Ils ont alerté les autorités, la Croix-Rouge a dépêché une ambulance qui a emmené le corps boulevard du Couchant. Dans la soirée au domicile familial, rue du Laboureur, on s'était inquiété de ne pas voir revenir les deux hommes. Le frère cadet de Louis, René fils, se rendit au commissariat pour se renseigner, accompagné de son beau-frère Pierre Mouret et de son cousin Jean Guily. Les policiers dirent ne rien savoir. Craignaient-ils des représailles dans cette ambiance insurrectionnelle ? Mais René reconnut les lunettes et le portefeuille de son frère posés sur le guichet. Mis en demeure les policiers annoncent enfin que Louis a été fusillé et emmené au local de la Croix-Rouge. Là-bas l'ambulancier ne veut pas remettre le corps. Il faudra le menacer avec un revolver pour qu'il s'exécute et les raccompagne au domicile familial.

Quel chagrin pour Nadine, sa jeune femme qui portait son fils. Le jeune Louis naîtra le 29 décembre 1944. Son père aurait eu 24 ans la veille. Quelle détresse pour Renée, la mère, prostrée cette nuit de dimanche devant le cadavre de son fils et toujours sans nouvelle de son mari. Quelle douleur le mardi pour René, le père, qui ne reverra de son fils qu'un corps exposé dans le hall de l'ancienne mairie sur la place du Martray et veillé par une garde d'honneur.


René Meunier (fils)


Pierre Mouret
(collection Louis Meunier)


Jean Guily

Le jeudi 24 août ce sont 8 000 personnes qui conduisent Louis Meunier au cimetière avec Raymond Barbet, le maire communiste de Nanterre révoqué en octobre 1939 et revenu pour reprendre son mandat (*). Des FFI armés surveillent les alentours car des convois allemands passent en transit dans Nanterre. Quant à ceux qui se sont enfermés dans le Fort du Mont Valérien, ils ne peuvent en sortir, bloqués par les barricades dressées par les FFI de Nanterre, Suresnes et des villes environnantes. Ils refusent de se rendre à ces hommes qu'ils ne considèrent pas comme des militaires. Le commandant D'Alsace fera donc appel à un régiment de spahis de la 2ème DB sous les ordres du colonel Rémy qui vient avec tous ses chars cerner le fort. C'est le commandant qui recevra la reddition des Allemands du fort, avec à ses côtés le colonel Rémy. Ce régiment stationné depuis la veille sur l'hippodrome de Longchamp avait participé avec les FFI de Nanterre, de Neuilly et des communes environnantes, aux combats de Neuilly qui aboutirent à la reddition du feldkommandant de Paris Ouest, boulevard Victor Hugo, combats qui firent onze morts français. Le vendredi 25 août Paris est enfin libéré mais 27 martyrs tombent encore à Chatou, dont Henri Fisseux, cousin de Louis.

(*) Raymond Barbet s'est évadé du fort Barreau, dans les Hautes Alpes, où il était interné. Ancien cheminot, il milite dans la "résistance fer" sous une fausse identité et en deviendra l'un des responsables nationaux



Le brassard FFI de Louis Meunier
(collection Louis Meunier)


sa Croix de guerre avec palme
(collection Louis Meunier)


sa citation à l'ordre de l'Armée
(collection Louis Meunier)


(collection Louis Meunier)

Louis Meunier, son souvenir perdure… Au lendemain de la libération, la rue du Laboureur sera rebaptisée à son nom. Le 14 mai 1946 son grade de lieutenant FFI, après celui des FTP, est homologué à titre posthume. Le quartier des Fontenelles ayant été remodelé depuis, la ville lui a dédié une nouvelle avenue le 4 septembre 1994 à l'occasion du 50ème anniversaire de la libération. La rue Parmentier, où la caserne des pompiers fait angle avec le boulevard du Nord, devient l'avenue Louis Meunier.


Les Meunier et apparentés, une famille de militants communistes et de résistants :


de gauche à droite : Georgette, René, Nadine (l'épouse de Louis), Louis, Yvonne et leurs parents René le père, Renée la mère
(collection Louis Meunier)

René Meunier, né en 1902 dans une famille ouvrière, est apprenti tourneur pendant la Grande Guerre. Gréviste en 1918-1919, il se syndique à la CGTU puis à la CGT et enfin au syndicat des communaux en 1924. Il épouse Renée Fisseux dont il aura quatre enfants, Louis en 1920, René en 1923, Yvonne en 1926 et Georgette en 1928. Il travaille aux services de nettoiement de la ville de Puteaux. En 1937 son fils aîné, Louis, adhère aux Jeunesses communistes et participe activement à la collecte et à la confection de colis destinés aux Brigades internationales qui combattent en Espagne. En 1938 René, socialiste depuis 20 ans, rejoint Louis au Parti communiste et en diffuse la presse. En 1939, ironie pour un brave,  il est mobilisé à la 9ème compagnie cycliste de la caserne de Clignancourt où il est chargé d'accompagner les "hirondelles" (agents de police cyclistes) au cours de leurs patrouilles de nuit. Démobilisé fin 1939 comme père de famille nombreuse, il reprend son travail à Puteaux. Juin 1940 c'est l'exode jusqu'à Montrichard, début juillet le retour à Nanterre. René est immédiatement contacté pour reconstituer la cellule… une dizaine de camarades, des réunions au tabac de l'octroi de Rueil-Malmaison avec Pierre Bougas et deux autres faisant semblant de "taper la belote", puis dans la carrière de la rue de Valenciennes. La ronéo du 58 de la rue du Laboureur tourne sans relâche pour imprimer les tracts rédigés par Louis, secrétaire des Jeunesses communistes.

"Maman Renée", l'âme de ce 58 qui a vu passer tant de monde, est arrêtée un samedi matin de juillet 1940 sur le marché des Bergères à Puteaux. Lors de la manifestation de l'Union des femmes françaises elle avait giflé le "maire-ministre" de Pétain, Barthélémy, qui prétendait interdire aux Nanterriens de s'approvisionner dans sa ville et qui venait de l'insulter. Elle est libérée le soir même suite à une pétition réunissant 250 signatures, sa peine étant limitée à huit jours de prison avec sursis et un franc symbolique d'amende. Ce magistrat "outragé", socialiste faux frère et vrai collabo, sera exécuté par la résistance en 1944 sur les marches de la mairie.

René fils, ses cousins et leurs camarades, multiplient les "actions psychologiques" : appels à la population sur le marché du Centre en remontant les allées à la barbe des gardes républicains appelés par Comtesse le nouveau maire "collabo" de Nanterre; drapeaux volants envoyés sur les fils aériens à l'aide de ficelles lestées de boulons; "papillons" collés sur les murs et les poteaux (en papier kraft collant imprimé au bouchon gravé). En novembre 1940, René fils est convoqué au commissariat de police de Puteaux. René père, que son fils a prévenu avant de s'y rendre, a juste le temps de faire évacuer le matériel d'imprimerie qu'il entrepose chez lui avant que les policiers ne se présentent pour une perquisition. René fils passera 3 mois à Fresnes avec les "droits communs". Il comparaît le 3 février 1941 devant le tribunal pour enfants et est acquitté. Néanmoins il ne doit son salut qu'à la détermination de ses parents qui réussissent à l'extirper des locaux où l'on s'obstinait à le détenir. Guy Môcquet, qui avait le même âge et qui fut jugé le même jour dans la même salle, n'aura pas cette chance. Un matin d'avril 1942 la Feldgendarmerie se présente au domicile familial, elle recherche René. Par chance celui-ci est parti au travail à Chatou chez sa grand-mère Fisseux qui tient une entreprise de transport. Sa soeur Georgette se précipite chez l'épicier voisin et téléphone à la grand-mère… quand les Allemands se présentent, René a pris le large. Il est revenu se cacher rue du Laboureur, à quelques pas de la maison, chez son oncle Georges Guily. Quand la police viendra s'enquérir un peu plus tard la famille montrera des lettres postées de Blois dans lesquelles leur fils "raconte" sa vie dans une ferme… Les "faussaires" clandestins de la mairie lui confectionnent alors une carte d'identité conservant ses initiales : Robert Emile Maritain, né à Saint-Jean du Gard dont les archives ont brûlé. René fils rejoint l'Organisation spéciale du Parti communiste. Son groupe O.S assurera la protection des équipes de propagande lors de leurs sorties.


René père, alias "Olivier", prend la responsabilité de la propagande à Colombes; pose une banderole sur le quai de la gare de la Garenne; fleurit le monument aux morts de Colombes avec des petits drapeaux tricolores et continue d'approvisionner en matériel de propagande les entreprises de la région. Il sillonne les rues passantes de Nanterre à vélo et jette des poignées de tracts, évite les patrouilles allemandes pour livrer son matériel à Puteaux, Suresnes et Saint-Cloud. Après ses fils, René père voit ses filles Yvonne et Georgette entrer en scène avec l'Union des jeunes patriotes (UJP); elles collectent au profit des clandestins et organisent le camouflage des réfractaires au service du travail obligatoire (S.T.O).


Louis a épousé le 23 août 1941 Nadine Bougas. En juin 1942 celle-ci rejoint les rangs du Front national (l'original pas la contrefaçon…) où elle est chargée de la distribution des tracts, de la collecte de fonds pour les familles d'emprisonnés. Elle est en outre l'agent de liaison de son mari comme le seront après les deux soeurs de Louis, Yvonne et Georgette. Début 1942 Louis, alias "Carpaux", son frère René, alias "Renan" et leurs amis constituent le groupe FTP du 8ème secteur de la 7ème région. Ils participent à la récupération et au convoyage d'armes.

En mai 1944 Louis et Pierre Mouret rendent visite à Jeannette Meunier, la jeune épouse de René fils, sur le point d'accoucher à l'hôpital de Nanterre. Dans les couloirs un jeune prisonnier russe, alors en soins, leur demande du tabac : "cigarette, prisonnier russe ?"  Louis lui propose immédiatement de le faire évader. Yvan accepte aussitôt. Louis et Pierre reviennent le lendemain à l'heure des visites avec des vêtements civils. Ils ressortent sans problème avec leur protégé qu'ils ramènent à la maison. Yvan y restera environ deux mois, le temps de le faire photographier, de lui confectionner une fausse carte d'identité et de le confier à une filière des FFI pour un maquis de province.


Louis avait continué et amplifié ses activités. Outre les prises de paroles pour haranguer les ouvriers à la sortie des entreprises ou encore des spectateurs dans les cinémas, il est surtout responsable régional des jeunes résistants en liaison avec les mouvements étudiants. Etant combattant FTPF, il participe à la lutte armée. Jean Fiévet, le commandant "Vacher" du bataillon Hoche 26/22, attestera en 1961 de quelques unes des actions à porter au compte du lieutenant Louis Meunier : la destruction en juillet 1943 de six camions de 20 tonnes, trois de 5 tonnes, plusieurs voitures légères, 1 200 litres d'essence et 500 litres d'huiles qui furent incendiés et détruits dans un garage de l'organisation Todt à Sceaux; le 5 octobre 1943 à l'Odéon, l'attaque à la grenade d'un détachement allemand de 50 hommes qui fit de nombreux morts et blessés; le 9 juin 1944 le déraillement à Coulommiers d'un train allemand sous un tunnel, la circulation fut interrompue plusieurs jours; le 5 juillet 1944 à Nangis une voiture allemande saute sur un mine posée par son groupe; le 19 juillet 1944 il tend une embuscade à Ris Orangis, deux voitures détruites, un officier allemand tué… Jusqu'au 20 août fatal !


Henri Fisseux, neveu de madame Meunier, est venu de Chatou pour assister aux funérailles de son cousin Louis. De retour à Chatou il reprend son activité. En effet depuis le 18 août les FFI locaux ont fait environ une quarantaine de prisonniers, soldats allemands, civils, collaborateurs et agents de la Gestapo. Le 25 août ils sont tous rassemblés à la villa Lambert près du château de la Pièce-d'eau sous le commandement de René Robert. Les Allemands sont revenus en ville, le capitaine Torset a donné l'ordre de cacher armes et brassards. Mais un collaborateur a dénoncé le lieu de détention. Le château est attaqué par un groupe de soldats appuyés par deux chars et deux automitrailleuses. Soixante FFI sont capturés. L'oberleutenant Werner Klein demande où sont détenus ses compatriotes. Le capitaine Torset prend la décision de les conduire à la villa Lambert pour éviter tout massacre inutile et demande aux FFI de libérer les prisonniers en ponctuant son appel par un "Vive la France! Vive de Gaulle!". Les gardiens, comprenant le message, ouvrent le feu. Torset est abattu d'une balle dans la nuque. Les Allemands sont trop nombreux. Robert ordonne le repli. Fisseux, grièvement blessé, reste sur place et couvre ses camarades. A court de munitions mais ne voulant tomber vivant entre leurs mains, il préfère se tirer une balle dans la tête. De rage les soldats lui écraseront le visage à coups de crosse puis fusilleront vingt cinq hommes. Henri, né en 1924, était marié et père d'une fille.

Fabrice Bourrée : Mémoire 78


Si cette résistance s'achève la guerre n'est pas finie. Dix des FTP-FFI de Nanterre, dont Jean Guily, rejoindront avec le commandant D'Alsace la colonne des FTP du colonel Fabien et partiront vers la Lorraine. Ils seront intégrés dans la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny. D'autres volontaires de Nanterre, dont René Meunier fils et Pierre Mouret, partiront le 8 novembre 1944 du Mont Valérien, où ils ont formé le bataillon Hoche commandé par Jean Fiévet. Incorporés au bataillon d'Afrique ils feront la campagne d'Alsace au sein du 151ème Régiment d'infanterie reconstitué. Le jeune Nanterrien Malheurty y sera tué.


"La libération dans les Hauts de Seine" Jacques Perrier

Pierre Mouret est sous-lieutenant. Mais que de fortes têtes dans la famille! Son beau-frère René Meunier, adjudant, est rétrogradé sergent-chef pour s'être octroyé une permission pour le mariage de sa soeur. Jean Guily refuse tout grade. Jean Mouret risque le conseil de guerre car, "fusil mitrailleur" de sa section, il était parti seul à la recherche de son frère blessé. Il n'a dû son salut qu'à l'illégalité de son engagement : âgé de 17 ans, il avait falsifié ses papiers pour partir combattre. Les cadres militaires n'apprécient que très modérément ces recrues particulières et leurs défilés au son de la Jeune garde dans les villes fraîchement libérées. Au repos à Norville en Moselle, ils apprennent qu'ils défileront le 11 novembre 1944 sur les Champs Elysées. Leur train ne vint jamais. Une autre compagnie leur avait été préférée. Leur qualité d'anciens FTP était-elle en cause ? Ils passeront leur temps de repos à entretenir leur matériel dans la neige. En mars 1945 ils franchiront le Rhin et termineront la guerre en Allemagne. Et que dire à propos de leur retour en France quand on proposa à ces baroudeurs de faire leurs classes ?



Yvonne Meunier, Jean Guily, René Meunier (fils) et Louis Meunier junior

La vie emprunte parfois de curieux détours. La caserne des pompiers a été remplacée par l'Agora de Nanterre. Le 14 janvier 2006, à l'invitation de l'ANACR, Louis Meunier fils, à qui nous devons ce témoignage et ces documents, y fait une conférence sur la Résistance devant un public attentif. Il est ému… "Nous sommes réunis dans la salle même où mon père a été abattu par l'officier SS. Avant elle était divisée, il y avait un réfectoire et un bar… c'est là qu'il fut tué…"