De nombreux étrangers ont participé à la Libération de Paris et les plus connus sont les Républicains espagnols arrivés avec l’avant-garde de la 2ème Division blindée du général Leclerc, la fameuse Nueve du capitaine Dronne. Le rôle des immigrés vivant en région parisienne qui à titre individuel prirent les armes pour chasser l’occupant de leur nouvelle patrie, n’a pas eu droit à la même publicité. Peut-être justement parce qu’ils ne se réclamaient d’aucune organisation ou mouvement de leur pays d’origine. Entre les deux guerres les Italiens sont arrivés nombreux en France, chassés par la pauvreté puis par la répression de l’Etat mussolinien, au point de devenir le premier groupe d’étrangers (800 000 âmes en 1931). A Paris on les trouve installés surtout près de la gare de Lyon et dans les quartiers Nord-est ; en banlieue Est à Vitry-sur-Seine, Nogent-sur-Marne, Gagny, Fontenay-sous-Bois, La-Courneuve et Bobigny. Ils viennent de Lombardie, de Toscane, du Piémont… et se regroupent plutôt par affinités régionales ou socioprofessionnelles. Ils sont capables de tout faire : musicien de rues, marbrier, vitrier, marchand de marrons, maçon, terrassiers, décorateur, plâtrier. La première vague d’immigration du début du 20ème siècle s’est heurtée à une certaine hostilité de la population française due à la crise économique des années 1930.
Septembre 1939, les Allemands et les Soviétiques envahissent la Pologne. La France et le Royaume Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. S’ensuivent huit mois d’attente que l’on nommera la « drôle de guerre ». Le 10 mai 1940 les Allemands passent à l’offensive. Ils sont à Paris le 14 juin. Le 22 juin une délégation signe l’armistice dans la clairière de Rethondes. Les Armées françaises ont été défaites en un éclair.
Mais le 10 juin Mussolini a déclaré la guerre à la France alors en pleine déroute militaire ! Cette attaque est qualifiée de « coup de poignard dans le dos ». Une minorité d’émigrés italiens adopte une attitude franchement pro-allemande et se rapproche, voire collabore activement avec l’occupant. Les « Salauds de macaronis ! Fascistes et Sales Italiens ! » ne sont alors pas rares sur les papillons collés aux vitrines des commerces. On les soupçonne de délation, on les menace de représailles sévères. 10 juillet 1943 les Alliés débarquent en Sicile. Le roi Victor Emmanuel reprend le pouvoir. Le Duce Mussolini est démis de ses fonctions et emprisonné mais les Allemands le libèrent rapidement et l’aident à fonder la République de Saló. Le maréchal Badoglio obtient des Alliés le statut de cobelligérant. Les partisans italiens se battent contre les troupes allemandes et contre les fascistes mussoliniens. C’est la guerre civile. Mais l’opinion française ne plaint pas beaucoup les malheurs de ce peuple italien qui n’a que la punition qu’il mérite après sa "traîtrise" de juin 1940…
Paris août 1944. Le colonel Rol-Tanguy, chef des FFI de l’Ile-de-France lance l’ordre de l’insurrection. Les armes et les munitions manquent mais les hommes sont prêts à se battre. Les combats éclatent dans tous les quartiers de Paris et en banlieue. Des barricades se dressent. On défend sa rue. La population civile participe et aide les insurgés. Elle comptera de nombreuses victimes. L'Allemand se retranche dans des points d'appui. La 2ème Division blindée du général Leclerc viendra le déloger le 25 août avec ses chars et ses canons. Voici le portrait de quelques Italiens ou descendants d’Italiens qui ont donné leur vie pour leur patrie d’adoption.
L'Amazone en savates a survécu. Elle s'appelait Anne-Marie Dalmasso et venait de Revereto (Trentin Haut Adige). A peine vingt-deux ans et un cran extraordinaire. Membre des Equipes nationales qui occupent l'Hôtel de Ville, elle se précipite sur un soldat allemand blessé et lui prend son arme sous les yeux ébahis de ses camarades de combat. La photo de son exploit fera la une des magazines. Lire l'article.
Le 16 août 1944 quarante-deux FFI tombent dans un piège tendu par la Gestapo. Ils sont fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne. Parmi eux Georges Trapletti, né le 2 septembre 1894, et Louis Vanini, 53 ans, tous deux d’origine italienne. Lire l’article.
Le 18 août 1944 un petit groupe de FFI tente de récupérer de l’essence à Tremblay-les-Gonesse. Antoine Cusino, 20 ans, fils d’un marchand de meubles d’origine italienne et membre de la compagnie FTP La Commune de Paris , est capturé et fusillé. Il avait survécu à une prise d'otages lors de l'arrivée des Allemands en région parisienne en juin 1940. Lire l’article.
Le 19 août 1944 trois FFI sont capturés et fusillés au lieu-dit Les Eaux à Gentilly. Parmi eux Vincent Di Gesso, né le 15 mars 1919 à Cervaro (Latium).
Le 20 août 1944 la garnison géorgienne du Fort de Romainville se débarrasse de soldats des FFI arrêtés dans les jours précédents. Parmi eux Alphonse Mazzurana, né le 19 juillet 1908 à Brentonico (Trente Haut Adige). Lire l’article.
Le 21 août 1944 Robert Cabirol et Vincent Di Bella, né le 5 février 1927 à Catania (Sicile), sont arrêtés par une patrouille allemande qui découvre sur eux des tracts appelant à l’insurrection. Ils sont fusillés derrière la gare du Nord. Lire l’article.
Emilio Garnieri, d’origine italienne et membre de la JOC de Bobigny, est arrêté lors d’une mission de ravitaillement et abattu près de la gare de Pantin le 22 août 1944.
Le 25 août 1944 Jean Maloberti, 48 ans, d’origine italienne, est tué d’une rafale de mitraillette alors qu’il s’approche, grenade à la main, d’un camion allemand abandonné boulevard de Strasbourg à Nogent-sur-Marne. Il était une figure locale plus connue sous le pseudonyme de « Jean Poulente le bookmaker ».
Pierre Poli, né le 30 mai 1898 en Italie, est tué le 25 août 1944 lors de l’attaque des troupes allemandes retranchées dans l’Ile Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux.
Le 25 août 1944 des FFI tirent sur un convoi allemand qui traverse Le-Perreux-sur-Marne. Par mesure de représailles de nombreux civils sont arrêtés, certains abattus sur place, d’autres déportés. Emilio Sartorelli, né le 22 octobre 1906 à Saltrio (Lombardie), et Gaudenzio Zonca, né le 21 février 1887 en Italie ne rentreront pas des camps. Lire l’article.
Le 26 août 1944 au lendemain de la libération de Paris un important détachement de FFI se heurte à des éléments allemands dans la région de Oissery. Sont tués au cours de cette bataille : l’ouvrier agricole Bruno Cornelli, 19 ans, Edouard Guenzi, né le 1er août 1909 à Castelletto sopra Ticino (Piémont) et Angel Testa, né le 5 avril 1903 à Albino (Bergame). Lire l’article.
Le caporal-chef Alcide Berti, né en Italie en 1905 et demeurant à Alger, s’est porté volontaire dans les Brigades internationales pendant la guerre d’Espagne. En décembre 1942 il rejoint les Forces françaises libres et s’engage dans la future 2ème Division blindée du général Leclerc. Il est décédé de ses blessures le 27 août 1944 à l’hôpital Necker.
Le peintre en bâtiment Pierre Colongo, né le 22 juillet 1898 en Italie, est domicilié à Vaujours. Le 27 août 1944 un groupe de soldats allemands mitraille la façade de l’école de la Plaine à Tremblay-les-Gonesse. Colongo, caché dans le grenier, riposte. Il est mortellement atteint. Il sera homologué lieutenant des FFI.
Le 27 août 1944 Emilio Volpati, né le 17 mars 1925 à Paris de parents italiens, membre de la Compagnie Robespierre de Sevran, est arrêté sur la route de Meaux alors qu’il lance des cocktails Molotov sur un convoi allemand. Il est aussitôt fusillé.
Le 27 août 1944 le FFI Narcissio Seghezzi, né le 30 octobre 1908 à Ponte Nossa (Lombardie), est tué par une patrouille allemande sur la RN 3 à Vaujours.
Le maçon Bruno Banker, 20 ans, fils d’un Italien et d’une Yougoslave, fait partie de la 143ème section de la Compagnie Robespierre de Sevran. Il perdra la vie le 28 août 1944 alors qu’il tente avec son petit groupe d’empêcher les Allemands de miner le pont du canal de Sevran. A noter que sa sœur Vesna a quitté la France en 1942 pour rejoindre les partisans yougoslaves et qu’elle est morte au combat.
Orphelin d’origine italienne, le FFI Vasco Demarchi, 23 ans, membre de la Compagnie Robespierre de Sevran, est tué le 29 août 1944.
Le FFI Giovani Cascarino, né le 11 février 1905 à Filignano (Isernia), meurt de ses blessures le 30 août 1944 à l’hôpital Marmottan.
Le plus âgé a cinquante-sept ans, le plus jeune à peine dix-sept. On le constate, ils combattent dans les rangs des FFI/FTP de Chelles ou de Sevran, du Bataillon Charles Hildevert ou bien encore à titre individuel dans leur quartier. Seul groupe vraiment organisé, les FTP garibaldiens participent aux combats de la place de la République, et l’un des leurs, un nommé Sassi, est tué pour la libération de Versailles.