Les P.C de l’insurrection

Dès le lendemain de la Libération de Paris des plaques commémoratives sont apposées sur les murs de la capitale. Elles remplacent souvent une première inscription éphémère, une croix ou un bouquet de fleurs. La démarche est spontanée. Les Parisiens rendent hommage à leurs combattants. Vient ensuite le temps des plaques demandées par les autorités civiles, les associations ou les organisations professionnelles. Les victimes de la Préfecture de police et les soldats de la 2ème Division blindée sont particulièrement bien représentées. Enfin les organisations de Résistance tiennent à marquer le lieu d'où elles ont lancé les appels au soulèvement et leurs différents postes de commandement.

Voici quelques immeubles d’où partirent les ordres pendant l’insurrection de Paris :

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Le colonel Henri Rol-Tanguy, commandant des FFI d’Île-de-France, a installé son PC dans les sous-sols d’un pavillon des Services techniques des Eaux et de l’Assainissement de Paris à proximité des Catacombes. Les nombreuses galeries offrent des issues multiples et le lieu possède un réseau téléphonique indépendant.

Le colonel Jean Teissier de Marguerittes, dit Lizé, commandant les FFI de Paris, a installé le sien dans l’immeuble qui fait l’angle du Quai de Conti et de la rue Guénégaud. Il est à deux pas de la Préfecture de police et de l’Hôtel de Ville où il pourra envoyer des renforts si le besoin s'en fait sentir.

Le général Alfred Malleret, dit Joinville, chef de l’état-major national des FFI, le commandant Raymond Massiet, dit Dufresne, chef de l’état-major des FFI de la Seine et le commandant Jean de Vogüé, dit Vaillant, chef du Comité d’action militaire pour la zone Nord (COMAC), dirigent l’insurrection depuis cet immeuble de l’avenue de la Bourdonnais.

 

Le 19 août 1944 Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance (CNR), et André Tollet, président du Comité parisien de la Libération (CPL), lancent l’appel à l’insurrection nationale de cet immeuble de la rue de Bellechasse.

Le 13 août 1944, rue Vulpian au domicile de l’agent des Services Techniques Maurice Torchy, se réunit le Comité directeur du Front national de la Police (FNP) qui décide le principe d’une grève à partir du 15 août : les Allemands ont attaqué les commissariats d’Asnières, de Gennevilliers, de Saint-Denis et ont désarmé les agents qui seraient menacés de déportation. Etaient présents à cette réunion Serge Lefranc, chef du FNP, et Armand Fournet, chef du mouvement Honneur de la Police.

Le lendemain 14 août, nouvelle réunion rue Chapon. Le Comité de Libération de la Police (CLP) est créé, la grève est lancée, les agents conservent leurs armes mais resteront en civil. Parmi les participants, le colonel Rol-Tanguy, Serge Lefranc, Armand Fournet (déjà cités) et Roger Priou dit Valjean, membre du Comité directeur de Libération-Nord et adjoint au chef du mouvement Police et Patrie, ainsi que André Hoschiller dit André Carrel, du Comité parisien de Libération (CPL).

Le 19 août les policiers s’emparent de la Préfecture. Le Préfet Amédée Bussière est arrêté et remplacé par le Préfet Charles Luizet. Le siège de l’édifice durera jusqu’au 25 août.

Le 17 août, avenue d’Italie, l’état-major des Francs-tireurs partisans français (FTPF) lance son appel à la lutte. En fait les FTPF de Roger Ginsburger, dit Pierre Villon, leur chef national par ailleurs président du COMAC, ont été intégrés aux Forces françaises de l’intérieur et combattent sous les ordres du colonel Rol-Tanguy, donc sous la bannière FFI.

L’état-major des FFI a préparé un PC annexe dans un magasin de la Défense passive rue de Meaux. Le colonel Rol-Tanguy pourra s’en servir en cas d’attaque de son poste de la place Denfert-Rochereau.

Le colonel Pierre Georges dit Fabien, chef des FTP du Sud de Paris, a installé son PC rue Gandon. De là il peut diriger des actions de guérilla urbaine pour contraindre les Allemands à se retrancher à l'Ecole Militaire, au Palais Bourbon, à la caserne de la République ou encore à l'hôtel Majestic. Le 25 août il participera avec ses troupes épaulées par la 2ème Division blindée à la prise de la garnison du Sénat.