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La sinistre besogne commence dès le lendemain matin à 9h00. Onze cadavres gisent sur le sol. Un policier reconnaît l’un de ses collègues. Il faut utiliser les volets arrachés aux fenêtres en guise de brancard et se dépêcher sous les coups des gardes. La garnison allemande habituellement en poste au Fort a ordre de ne pas intervenir et de ne pas se montrer aux fenêtres. Il s’agit ensuite de laver toutes les traces de sang sur le chemin de la fosse. Le chef du peloton de S.S se vante d’avoir cloué un enfant sur la porte de l’église d’Oradour-sur-Glane. Jusqu’à 17h00, heure de la prochaine fusillade, ce ne sont que brimades, menaces et coups. Le commissaire divisionnaire Silvestri chef de l’unité de police est sorti du groupe, interrogé puis fusillé. Il a endossé la responsabilité du brassard F.F.I trouvé la veille, alors qu’il n’a jamais tenu aucun rôle dans la Résistance. Le lendemain matin nouvel arrivage de prisonniers … nouvelles exécutions … nouvelle fosse. |
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Un sergent, Hermann Petzcholl, les rassure : ils ne seront pas fusillés; considérés comme travailleurs ils seront employés aux corvées du Fort. Il les installe dans une pièce plus grande et leur donne des cigarettes et du tabac. Le 24 août la garnison allemande quitte le Fort, suivie quelques heures plus tard par les troupes S.S. Les rescapés sortent libres et sont récupérés et réconfortés par les habitants de Vincennes. Paris est libéré. Les survivants font leur rapport. Et tandis que la population fête la victoire, des membres des Equipes d’urgence et des secouristes de la Croix-Rouge sont requis pour l’exhumation des corps (voir la vidéo INA) enfouis sous une mince couche de terre dans les fossés du château. Des familles de disparus sont invitées à reconnaître les leurs. |
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Cinquante-six sont retrouvées dans les fossés, à la Cartoucherie et au Fort Neuf. Quelques hommes ont été arrêtés et fusillés dans le Bois de Vincennes. Les autres ont été capturés dans les rues de Paris et de la banlieue et amenés en autocar au Fort pour y être exécutés. Le 19 août, premier jour de l’insurrection, toute personne trouvée en possession d’une arme était considérée comme terroriste par les Allemands qui ne reconnaissaient pas la qualité de combattants aux F.F.I. Il faudra la menace de représailles sur des soldats prisonniers pour ramener les troupes d’occupation à la raison.
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Note 1 : Le commandant Louis Bouchet a été chargé de s’emparer de l’imprimerie du journal le Petit Parisien, rue d’Enghien; le 21 août à 10h00 du matin une traction-avant conduite par André Ancelin et ayant à son bord Louis Bouchet, Ulysse Benne, Robert Ferrer, Emile Goeury et Arthur Speekaert démarre de la station de métro Bel Air. Les six hommes ne rentreront pas et seront retrouvés fusillés dans les fosses du château de Vincennes. Le fils d’Emile Goeury, 14 ans à l’époque, se livrera à partir du 22 août au matin à une enquête détaillée et parviendra à reconstituer l’itinéraire du véhicule : un premier barrage allemand l’a contrôlé devant le 195 avenue Daumesnil, à hauteur de la rue de Charenton; nouvel arrêt un peu plus loin, nouvelles vérifications de papiers; la voiture n’est pas peinte aux couleurs des F.F.I, ce qui explique que les Allemands aient pu la laisser passer. Interviewant les habitants du quartier il arrive ainsi jusqu’à la rue Traversière où plusieurs témoins lui expliquent que des soldats allemands, dont deux en uniforme de l’Afrika Korps, ont stoppé une Citroën à l’angle de la rue Traversière et de la rue Michel-Chasles, et en ont fait descendre les six occupants. Après une rapide fouille, sous la direction d’un homme en civil qui paraissait commander l’action, les hommes sont conduits les mains sur la tête jusqu’au 15 de la rue Traversière dans une cour de la SNCF. Il y eut un ou deux simulacres d’exécution puis en fin d’après midi on les fit monter dans deux camions bâchés en compagnie d’une impressionnante escorte. Le convoi emprunte le quai de la Rapée puis le quai de Bercy … c’est la fin de la piste. Le 26 août les familles furent invitées à venir reconnaître, à Vincennes, les corps de plusieurs hommes supposés appartenir au F.F.I du métro. La présence du civil qui commandait manifestement les soldats du dernier barrage, l’impressionnante escorte, tout cela fait dire à Walter Goeury que le groupe est tombé dans un piège. Il était attendu. Il y a eu trahison. D’autant que le commandant Louis Bouchet a reçu l’ordre formel de prendre personnellement la tête de cette expédition somme toute assez banale et qui ne nécessitait pas la présence d’un commandant et de plus la consigne impérative était de ne pas prendre d’armes avec soi. Enfin, l’un des camions transportant onze hommes entre directement dans le Château où la fusillade ne tarde pas à éclater, tandis que le deuxième, encadré d’une escorte fortement armée, se dirige vers le Fort Neuf. Les six hommes qui en descendent seront interrogés toute la nuit et fusillés le lendemain matin. Dans la fosse on découvrira cinq autres corps dont celui de Marcel Lavigne-Buron, employé de la RATP lui aussi, mais qui n’avait rien à voir avec le groupe. Note 2 : Le policier Arthur Belvezet et les étudiants Emile de Gorter et André Mansuy ont été capturés le 19 août à 20h30 lors de l’attaque du garage Chambais à Choisy le Roi et fusillés le lendemain au Fort de Vincennes. Note 3 : Les policiers Marcel Gandriaux, Camille Gerbaud, Jacques Lecomte et André Soladier sont arrêtés le 20 août alors qu’ils se présentent en civil au 217 rue de Bercy pour procéder à l’interpellation d’un membre de la Gestapo. Note 4 : Les policiers Charles Bardon, Henri Chartier, Gaston Chuet et Paul Paris ont été arrêtés dans les environs de la gare de Lyon par les soldats allemands et les employés de la Reichbahnof qui ont fait régner la terreur dans le quartier du 19 au 23 août (lire l’article) |
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Un certain G. C…, âgé de 25 ans, milicien en Seine-et-Marne, sera également découvert dans une des fosses communes. Sentant le vent tourner, il a rejoint la capitale quelques jours avant l’insurrection et s’est engagé dans les rangs des F.F.I. Il est arrêté par les Allemands alors qu’il patrouille à bord d’une traction-avant, conduit au Fort de Vincennes et fusillé avec d’autres prisonniers. Quelques temps après la libération la municipalité de Vincennes s’aperçoit de la méprise, le fait exhumer et le rend à sa famille (R.C Planke La Seine-et-Marne dans la guerre). Les lieux d’exécution : |
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On pourrait ajouter à ces victimes le gardien de la paix Germain Vésine, 36 ans, qui ne se remettra pas des mauvais traitements endurés pendant sa captivité et décèdera prématurément en 1948. Sur les registres du cimetière de Vincennes on trouve bien un Gaston Fournier, cordonnier domicilié 12, rue de l’Espérance à Paris 11ème. En revanche, contrairement à ce que l’on peut lire sur la plaque de droite, pas de Fournier à la Préfecture de police parmi les victimes de la Libération de Paris.