Chaque anniversaire de la Libération de Paris produit son lot de surprises. Des familles se replongent dans leurs archives, des éditeurs sortent de nouveaux ouvrages, les musées organisent des expositions en privilégiant des documents inédits. C’est pour moi l’occasion de découvrir de nouvelles photographies et d’alimenter ma documentation et mon site Internet. Il est facile d’imaginer ma joie de chercheur quand je peux mettre un nom sur un FFI derrière sa barricade ou quand je tombe sur « LA » photo qui illustre parfaitement mon article. Voici une petite sélection de mes trouvailles 2014.
Le 19 août 1944, premier jour de l’insurrection, l’inspecteur principal adjoint Louis Desnos, 43 ans, tente d’empêcher un camion allemand de s’approcher de la Préfecture de police. Place Saint-André des Arts il saute sur le marchepied, abat le chauffeur, blesse un passager mais tombe la tête fracassée par la rafale tirée par le troisième occupant. Sur le cliché du Musée de la Résistance en ligne, vraisemblablement pris par le photographe R. Rouers qui tenait boutique de l’autre côté de la place, on voit le camion encastré dans la vitrine du restaurant de la Terrasse aujourd’hui remplacé par La Gentilhommière.
Toujours place Saint-André des Arts mais le 20 août. Le gardien de la paix Raymond Boisson, 29 ans, à la tête d’un groupe de policiers et de FFI tente de stopper un autobus chargé de soldats allemands équipés de mitrailleuses. Le chauffeur est tué, le véhicule vient percuter la vitrine d’un magasin de vêtements. La fusillade s’engage pendant quelques minutes puis c’est le silence. Boisson, croyant à une reddition, s’avance. Il est abattu d’une rafale de mitrailleuse. Les FFI feront sept prisonniers. Le cliché présenté par Michel Lefebvre dans son ouvrage « Libérez Paris » a été pris par le même photographe, R. Rouers, dont on aperçoit l’enseigne au dessus du bar Le Météor.
Il y a plusieurs années Xavier Réquillart a bien voulu partager avec les visiteurs du site Internet son impressionnante collection de photographies réalisées pendant l’insurrection (lire l’Entrée de la DB dans Paris). Une équipe de TF1 est allée l’interviewer et a sélectionné quelques clichés pour le reportage (à visionner ici). Quelle n’est pas la surprise de Brigitte Jourdain qui reconnait son grand-père Pierre Coustaing parmi les FFI photographiés par Xavier le 25 août 1944.
Le magazine Liaisons de la Préfecture de police a sorti un numéro spécial consacré au 70ème anniversaire de la Libération de Paris dans lequel on peut découvrir cette photo de Gandner de la collection du Musée du général Leclerc et de la Libération de Paris. Elle est légendée : Roger Savin fait partie des 167 policiers morts pendant les combats de la libération. Recherches faites elle a été prise à l’angle de la rue du Renard et de la rue de la Verrerie devant les Etablissements Betts et Blanchard. Nous sommes le 19 août, premier jour de l’insurrection ; la Préfecture de police a été prise au petit matin et des patrouilles sont organisées à ses alentours. Le gardien de la paix Savin, 24 ans, sera porté disparu le soir même lors d’une attaque des Allemands dans le quartier et son corps sera découvert le 26 août sommairement enterré dans la cour de la caserne Prince-Eugène de la place de la République.
On ne présente plus la fameuse barricade surnommée le Fortin de la Huchette et commandée par Béatrice Briant. Presque tous les photographes qui ont couvert la Libération de Paris sont venus l’immortaliser. Dans l’ouvrage de Luc Rudolph « Policiers rebelles, une résistance oubliée, la police parisienne 1940-1944 » on peut découvrir un homme presque chauve en maillot de corps et portant un brassard FFI. Gérard Stein a reconnu son grand-père Louis Stein qui sera tué par un sniper le 24 août 1944 devant le 5, avenue des Gobelins dans le 13ème.
Sur le site du Musée de la Résistance en ligne on peut découvrir ce cliché de Lucien Rudaux conservé aux Archives départementales de la Manche. Il a été pris le 25 août 1944 lors de l’attaque de la garnison allemande du Sénat. On aperçoit près de l’automitrailleuse un groupe d’hommes se penchant sur un blessé. Il s’agit très vraisemblablement de Raymond Bonnand mort ici, à l’angle de la rue Abbé-de-l’Epée et du boulevard Saint-Michel, comme l’indique la plaque commémorative que l’on peut trouver sur place.
Autre barricade très célèbre, celle du square Viviani photographiée par Pierre Debure quelques instants avant que des soldats allemands ouvrent le feu sur les défenseurs. On peut reconnaître sur le cliché de gauche André Vannereau, 26 ans, casqué et cravaté, à côté de lui en costume sombre et chemise blanche Georges Rouzé, 31 ans, qui vont être tués. Sur le cliché de droite, en bras de chemise et tenant un revolver, Léon Bodo.
à suivre…