Les Forces françaises de l’intérieur

Elles sont sous les ordres du général Pierre Koenig, né le 10 octobre 1898 à Caen, aspirant au 36ème Régiment d'infanterie en 1916, capitaine à la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère pendant la campagne de Norvège en mai 1940, général commandant la 1ère brigade française libre qui tient tête à l'Afrika Korps du maréchal Erwin Rommel à Bir Hakeim en mai-juin 1942. Le 1er août 1943, Pierre Koenig est nommé chef d'état-major de l'Armée à Alger et réussit à fusionner les Français libres et les forces d'Afrique du Nord. En mars 1944 il est délégué du Gouvernement provisoire d'Alger auprès du Commandement Suprême Interallié et commandant des F.F.I.

Les Forces françaises de l'intérieur regroupent l'Armée secrète (A.S), l'Organisation de la résistance de l'armée (O.R.A), les Corps francs des Mouvements unis de la résistance (M.U.R) et les Francs tireurs partisans (F.T.P). Lors des combats de la libération, les effectifs homologués représentent 300 000 hommes. Le général Marshall, chef d'état-major général des armées américaines déclarera : "La Résistance française a dépassé toutes nos prévisions. C'est elle qui, en retardant l'arrivée des renforts allemands et en empêchant le regroupement des divisions ennemies à l'intérieur, a assuré le succès de nos débarquements. Sans les troupes du maquis, tout était compromis"

Le général Koenig est représenté en France par son délégué militaire national (D.M.N), l'inspecteur des finances Jacques Delmas, né le 7 mars 1915 à Paris, sous-lieutenant au 75ème Bataillon alpin de forteresse en 1940, démobilisé le 4 août 1944. Jacques Delmas a rejoint le réseau de renseignements "Hector" en décembre 1940 puis l'Organisation Civile et militaire (O.C.M); il s'est spécialisé dans la collecte d'informations sur la mise à la disposition des Allemands de l'industrie française. En octobre 1943, sous le nom de Chaban, il est nommé adjoint du délégué militaire national auquel il succède en mai 1944. Jacques Chaban-Delmas a été promu général de brigade le 15 juin 1944 (à 29 ans il est le plus jeune général français depuis l'Empire).

La France est divisée en douze régions militaires. L'Ile de France est la région P1. A sa tête le colonel Henri Tanguy, alias Rol-Tanguy, né le 12 juin 1908 à Morlaix, secrétaire du Syndicat des travailleurs de la métallurgie C.G.T de la région parisienne, volontaire des Brigades internationales pendant la Guerre d'Espagne, lieutenant au 28ème Régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais en mai et juin 1940. Henri Tanguy est nommé chef des Francs tireurs partisans (F.T.P) de la région parisienne début 1942, de la région Poitou-Anjou fin 1942. Il revient à Paris en mai 1943. Promu colonel le 1er juin 1944, il prend la tête de la région Ile de France.

département de la Seine

Le colonel de Marguerittes, alias Lizé, officier d'artillerie à la 10ème Division d'infanterie coloniale pendant la Grande Guerre, commande le 74ème Régiment d'artillerie en 1939. Engagé en Hollande, en Belgique et dans les Flandres il est surpris par l'Armistice devant Clermont-Ferrand. Membre de l'Armée Secrète (A.S) puis commandant des F.F.I des Landes et des Basses Pyrénées, il prend la responsabilité du département de la Seine en 1944.

département de la Seine et Oise

Seine et Oise Nord :

Philippe Viannay (Défense de la France)

Seine et Oise Sud :

Jacques Pastor (Front National)

département de la Seine et Marne

Commandant Hubert Desouches, dit Dugas (Turma Vengeance)

département de l'Oise

Colonel Fromonot Monturat, dit Dupont, (Mouvement Ceux de la libération)

Le département de la Seine est divisé en quatre secteurs :
– secteur Nord aux ordres de Suchet du Mouvement Libération
– secteur Ouest aux ordres de Bertrand de l'Organisation civile et militaire
– secteur Sud aux ordres de Dujardin de l'Organisation civile et militaire
– secteur Est aux ordres de Bourgoin du Mouvement Libération

Raymond de Kéguelin de Rozières, alias commandant Massiet-Dufresne, chef d'état-major du colonel Lizé, commandant le département de la Seine, brosse un bien sombre tableau des effectifs et de l'armement des troupes F.F.I en état de combattre à la veille de l'insurrection. En effet la région n'a pas bénéficié des parachutages alliés et il faudra donc s'armer sur l'ennemi. De nombreuses missions de récupération tourneront au drame. Selon un état publié dans son ouvrage "La préparation de l'insurrection et la bataille de Paris" les armes sont au nombre de :

– mines : 29 – fusils mitrailleurs : 83 – fusils : 562 – grenades : 192
– mitrailleuses : 4 – mitraillettes : 83 – revolvers : 825  


Les effectifs recensés s'élèvent à :

Secteur Nord : 8168 hommes Secteur Sud : 8086 hommes  
Secteur Ouest : 7603 hommes Secteur Est : 10536 hommes

Réserve de commandement : 12000 policiers qui ne dépendent pas du colonel Lizé. Environ 15000 hommes s'enrôleront pendant les combats.

Les troupes sont organisées de la façon suivante :

– un lieutenant-colonel commande : plus de 2000 hommes
– un commandant commande : plus de 1000 hommes
– un capitaine commande : 300 hommes
– un lieutenant commande : une "centaine"
– un sous-lieutenant (ou un aspirant) commande : une "trentaine"
– un sous-officier commande : une "dizaine"
– un sous-officier commande : une "sixaine"

Le Gouvernement provisoire de la République française est représenté par Alexandre Parodi qui est chargé des questions économiques, de la mise en place des comités de libération, du ravitaillement. Il n'a pas autorité sur les groupements de résistance dont le chef est Georges Bidault, le président du CNR, Conseil national de la résistance au bureau duquel siègent Louis Saillant (CGT), Pierre Villon (Front national), Pascal Copeau (MUR) et Maxime Blocq-Mascart (OCM).

Le Comité parisien de libération, quant à lui, comprend dix-neuf représentants des partis politiques, syndicats et organisations de la résistance. Son bureau de six membres rassemble Marrane (PCF), Hamon (CDLR), Carrel (Front national), Lefaucheux (OCM), Deniau (Libération nord) et Tollet (CGT).  Le CPL dirige certains groupes armés et les Milices patriotiques. Il agit en étroite liaison avec l'état-major des FFI de Rol-Tanguy; ses appels à la grève, aux manifestations, créeront un climat propice à l'insurrection.


On le voit, l'organigramme n'est pas simple. De plus à la Délégation provisoire Parodi et Chaban sont réticents à déclencher l'insurrection. Au CPL Tollet y est favorable, Deniau et Hamon réservés. Le 18 août la CGT et la CFTC appellent les travailleurs à la grève. Le CNR soutient l'initiative. Le soir même Rol-Tanguy décrète la mobilisation générale.


Les galons fleuriront pendant l'insurrection. On verra quelques colonels à six barrettes … Mais après la bataille le Journal Officiel de la République française n'homologuera que les commandements effectivement assumés.