Nicole – 62 ans plus tard, une plaque commémorative

Paris, 17 février 2006, 41, rue des Vinaigriers (10ème arrondissement)

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs,

 « Grâce à vous, la France a repris sa place dans le monde » dira le général de Gaulle aux acteurs de l’insurrection parisienne d’août 1944. De fait, plus qu’aucune autre ville de France, Paris, occupé en juin 1940 et foulé, pendant 4 ans, aux pieds par l’Occupant, sait ce qu’il doit à ceux qui ont contribué à lui rendre son honneur et sa liberté. La capitale a tenu à rendre, à l’occasion du 60ème anniversaire de sa libération, hommage aux figures emblématiques de l’insurrection parisienne, il n’est que justice qu’elle honore aussi la mémoire des nombreux résistants qui les ont accompagnées pour écrire ces pages de gloire.

Etienne Lalis, assassiné à 34 ans aux côtés du chef de son corps franc et de l’épouse de ce dernier, était l’un d’entre eux.

Triste ironie du sort, révélatrice de cette sanglante guerre civile qui, pendant 4 ans, déchira la France, c’est une balle tirée par des Français qui mettra fin, à 34 ans, à la trop brève existence de celui qui avait survécu à la campagne de 1940 et aux périls de la Résistance et de l’insurrection parisienne. Mais si l’identité de ses bourreaux restera à jamais inconnue -ils ne purent être identifiés et, a fortiori, inquiétés- sa participation aux plus durs combats de la libération de Paris lui valut, en mars 1946, la mention « Mort pour la France ».

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C'est par ces mots prononcés par Madame Odette Christienne, adjointe au Maire de Paris chargée de la Mémoire du Monde combattant et des Archives, que débute la cérémonie tant désirée par Nicole.

Nicole a écrit au Maire de Paris en juillet 2004. Etienne, son père, a été assassiné le 21 septembre 1944 au 41, rue des Vinaigriers en compagnie de Mr et Mdme Picout. Curieusement, si une plaque commémorative perpétue le souvenir des époux Picout, aucune mention n'est faite d'Etienne Lalis.

Nicole désirerait que la Mairie de Paris rende hommage à la mémoire de son père.

La démarche sera longue : nombreux courriers, fourniture de documents justificatifs, examen du projet de texte sur la plaque, accord des propriétaires de l'immeuble, examen de la demande par la Direction des affaires culturelles, par le Conseil d'arrondissement du 10ème arrondissement, délibérations … enfin la décision est prise ! La plaque sera inaugurée le 17 février 2006 à 15h00.


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Etienne Lalis faisait partie des soldats de l’ombre. Ce n’est que le 8 août, 11 jours à peine avant le déclenchement de l’insurrection, qu’il révèlera à sa sœur son engagement dans la Résistance, sans s’appesantir sur les circonstances.

Mais sons engagement était bien antérieur à la Libération de la capitale : typographe, ses qualités professionnelles lui permettaient de participer à la fabrication de faux-papiers essentiels à la Résistance, indispensables en ces temps de clandestinité, en particulier après l’instauration du STO. En effet, ayant réintégré son imprimerie après sa démobilisation, l’ex quartier maître de la Marine nationale devenait un compagnon de route de choix pour Honneur de la Police et Police et Patrie dont la confection de faux documents était l’une des spécialités.

Ce rôle, aussi essentiel que périlleux, à lui seul lui vaudrait notre reconnaissance. Mais son action se poursuivit sous d’autres formes et lors des journées de l’insurrection parisienne.

Engagé volontaire dans les corps francs de la police du 10e arrondissement, il prendra, du 19 au 25 août, part à quelques uns des plus durs combats ayant émaillé la libération de la capitale. Le 19 août à 14 heures, quelques heures après que les commandos du Front national de la Police aient investis la Préfecture de Police, déposé le préfet vichyste et hissé les couleurs nationales sur l’édifice, résistants et corps francs de la police (qui arborent désormais, à l’invitation de Rol-Tanguy, le brassard des FFI) attaquent les troupes allemandes Faubourg Saint-Martin. Etienne Lalis est parmi eux. Retranchés dans la mairie du 10e, ils soutiendront pendant plusieurs heures l’assaut des renforts envoyés sur place, appuyés par 2 chars Panthers. Incapables de venir à bout de leur résistance, les Allemands se retireront sans avoir pu s’emparer de la mairie. Le 24 août, les FFI montent à l’assaut des gares de l’Est et du Nord, où les Allemands ont regroupé de nombreux véhicules, qu’ils espèrent évacuer vers la banlieue Nord. Résistants et corps francs de la police s’attaquent d’abord à la gare de l’Est, qu’ils nettoient de ses occupants, capturant plusieurs canons anti-chars et mitrailleuses lourdes. Puis, vers 18h, ils donnent l’assaut à la gare du Nord. Etienne Lalis, placé sous les ordre du capitaine Bonneau, chef des corps francs de la police du 10e est, à nouveau, des combats. Le même jour, les FFI attaquent la caserne Prince Eugène, place de la République, principal point de résistance allemand dans l’Est parisien. Une contre-attaque d’auto-mitrailleuses les contraint à se replier. La garnison allemande, forte de quelques 500 hommes appuyés par plusieurs canons, est cependant encerclée. Un nouvel assaut est déclenché le 25 vers 12h45. FFI et corps francs de la police des 11e et 10e arrondissements attaquent à la mitraillette et à la grenade les canons de 88 qui balaient l’avenue de la République, le boulevard Voltaire et la rue du Temple. Etienne Lalis est parmi eux. Les Allemand, qui occupent les étages supérieurs des maisons de la rue du Temple, ripostent, mais sont contraints de replier leurs canons dans la cour de la caserne Appuyés par un char de la 2e DB, dont les éléments précurseurs sont entrés dans Paris la veille au soir, les FFI viennent finalement à bout de la résistance des Allemands vers 15h30, après de durs combats qui leur coûtent une douzaine d’hommes. A la pointe du combat pendant une semaine, Etienne Lalis –qui participera encore à la recherche des tireurs des toits- sort indemne d’affrontements qui auront coûté à la capitale quelques 1700 morts –dont un millier de FFI- et 3700 blessés. Trois semaines plus tard, il était abattu aux côtés d’André Picout, gardien de la paix et camarade de combat des corps francs du 10e arrondissement et de son épouse par  3 inconnus armés de mitraillettes, victime de l’un de ces innombrables règlements de compte qui ensanglantèrent la Libération.

Une plaque, apposée au lendemain de la guerre par la famille, honorait la mémoire des époux Picout, abattus devant leur fille de 16 ans. Mais rien ne rappelait le souvenir d’Etienne Lalis, héros de ces combats d’août 1944 où Paris retrouva son honneur et son âme. Sa famille a souhaité que cet oubli soit réparé et il n’était que juste qu’il sorte de l’anonymat et que nous lui rendions hommage aujourd’hui.


Nicole prend la parole à son tour :

Mesdames, Messieurs, 

C’est avec une grande émotion que je m’adresse à vous devant cet immeuble où une plaque va être dévoilée pour rendre hommage à mon Père, membre des FFI, « Mort pour la France » le 21 septembre 1944, en même temps que Monsieur Picout, dont il était le chauffeur et de Madame Picout Emilienne, son épouse, alors que la ville de Paris était déjà libérée. 

Ma mère, âgée de 91 ans, n’a pu se joindre à nous, de même que nos enfants qui n’ont pu se libérer, l’un étant au Japon et l’autre travaillant en Vaucluse. Il s’est passé plus de 60 ans depuis ce jour sinistre du 21 septembre 1944, mais nous sommes très touchés, avec mon époux, que cet hommage soit enfin rendu à la mémoire de mon Père qui a combattu avec de nombreux Résistants.

Je n’avais que 2 ans lorsqu’il fut assassiné. Les auteurs de ces assassinats n’ont jamais été retrouvés. Compte tenu de mon jeune âge, je n’ai aucun souvenir de cette période et il y avait très peu de documents dans la famille. Nous avons retrouvé des articles de journaux du 23 septembre 1944, retraçant cette triste journée et quelques renseignements dans l’agenda de la même année, que ma Tante (sœur de mon père) tenait au jour le jour, ainsi qu’une lettre qu’elle avait adressée à une parente. Elle fait mention d’Obsèques Nationales, le 29 septembre 1944, mais je pense qu’il s’agissait plutôt d’Obsèques Solennelles, à Notre Dame des Victoires, pour tous les trois. Pour le moment, nous n’arrivons pas à retrouver la trace de cette cérémonie, bien que nous ayons frappé à de nombreuses portes. J’ai appris récemment, toujours par les écrits de ma Tante, que, durant ces jours si pénibles pour ma famille,  j’avais été confiée à une amie et voisine de celle-ci pour un certain temps. On m’a raconté peu de choses sur ce Père disparu. Mais sa photo a toujours été présente tant chez ma Mère que chez ma Tante et mon Oncle. C’est seulement au début août 1944 que mon Père avait mis ses proches au courant de ses activités cachées. A ce moment là, il avait dit à ma Mère et à sa Sœur : « que tout serait bientôt fini ». Il était typographe dans une entreprise parisienne et en profitait pour établir des documents pour la Résistance. Ceci m’a été rapporté par ma Tante. Ma Mère ayant repris son travail, on m’a d’abord mise en nourrice puis en pension et ensuite je suis revenue vivre avec elle, rue Alibert, là où résidaient mes parents depuis leur mariage. Avec ma Mère, nous nous sommes arrêtées plusieurs fois devant la plaque, en hommage à Monsieur et Madame Picout. Elle ne comprenait pas pourquoi il n’y avait rien pour son époux. Elle avait fait une demande auprès de la Mairie, mais il n’y avait pas eu de suite. Durant cette période de guerre, il y avait des tickets de rationnement dont je ne me souviens pas. En ayant retrouvé un certain nombre dans les affaires de nos familles respectives, nous les avons conservés, pour la mémoire. C’est sans doute grâce à l’affection de tous les membres de ma famille et à l’éducation que j’ai reçue que l’absence de mon Père n’a pas été trop lourde à supporter. En tant que « Pupille de la Nation » je me souviens très bien du service social de la Mairie du 10ème arrondissement qui nous a beaucoup aidées. Cela m’a permis de poursuivre des études jusqu’au Lycée et, à la suite d’un concours externe, d’entrer dans l’Administration, où j’ai fait toute ma carrière, jusqu’à la retraite. Lorsque ma Tante est décédée en 2003, à 98 ans, nous avons récupéré un meuble ayant appartenu à mon père : son secrétaire, donné par son grand-père, et nous l’avons fait restaurer comme témoignage permanent d’une période de son histoire. Avec mon époux, nous avons décidé, il y a déjà quelques années, en hommage à ce Père disparu, d’adjoindre le nom de Lalis à notre nom marital, sur nos cartes de visite et autres documents. 

Voici en quelques mots l’évocation de mon enfance sans ce Père qui aurait pu donner encore tant d’amour et dont la vie a été prise pour avoir participé à libérer la France, des nazis et des miliciens. 

Je vous remercie très sincèrement de votre présence et de l’attention que vous avez bien voulu m’accorder.



Nicole s'est livrée à une véritable enquête sur son père.

Etienne Lalis est né le 10 juillet 1910 à La Châtre (Indre) où il a vécu quelques années avec ses six frères et sœurs et où ses parents tenaient un commerce de bonneterie.

Interne aux « Orphelins Apprentis d’Auteuil », il y apprend le métier de typographe. Pour la petite histoire, cet établissement était très sévère et les sorties du dimanche tenaient compte  de la bonne conduite et des résultats de la semaine.

Il est entré comme compositeur-typographe, le 24 janvier 1929 à  l’Imprimerie d’Ouvriers Sourds-Muets (Monsieur A. Marchand),  31 Villa d’Alésia à Paris 14ème qu’il a quittée le 6 mai de la même année. Le 10 mai 1929 il a été embauché aux ateliers de l’Imprimerie Administrative Centrale (Anciennement Maison Jousset – Directeur Henri Boussard),  36 rue de la Santé à Paris 14ème, où il est resté jusqu’au 9 août 1929.

De 1929 à 1932 il effectue son service militaire à Rochefort en qualité de quartier maître. Ensuite,  on le retrouve, toujours en tant que compositeur typographe, aux Ateliers de la Société Générale d’Imprimerie et d’Editions (Monsieur Buron Henri, Administrateur délégué),  du 11 septembre 1933 au 13 août 1935. Le  7 juillet 1936, il se marie avec ma mère Augusta Goiset, originaire de la Haute-Saône et employée de maison à Paris depuis l’âge de 14 ans. Après avoir occupé une « chambre de bonne », ils se sont installés dans un appartement 6 rue Alibert à Paris 10ème (immeuble existant toujours). Durant la période de l'occupation, la vie pour eux était difficile comme pour tous les Français. La petite chance qu’ils avaient, c’est qu’à Issy les Moulineaux, où vivait ma tante, il y avait un jardin cultivé, donc ils profitaient de quelques fruits et légumes.  

Durant les jours qui ont suivi ce drame, j’ai été mise chez une voisine de ma Tante à Issy les Moulineaux, afin que ma Mère puisse travailler. Ma Tante, couturière à domicile, m’a prise quelques temps avec elle. Compte tenu de mon jeune âge, je n’ai aucun souvenir de cette période et il y avait très peu de documents dans la famille. Nous avons retrouvé des articles de journaux du 23 septembre 1944, retraçant cette triste journée et quelques renseignements dans l’agenda de la même année, que ma Tante (sœur de mon père) tenait au jour le jour, ainsi qu’une lettre qu’elle avait adressée à une parente.


Nicole a consulté de nombreuses archives et y a découvert des attestations, des rapports d'enquête …

Préfecture de Police / Comité de la Résistance / 10ème arrondissement

 Je soussigné, (nom illisible) Capitaine des FFI, responsable du 10ème arrondissement – Groupe Police – que Monsieur Lalis Etienne, Jacques, né le 10 juillet 1910 à La Châtre (Indre) Typographe, demeurant 6, rue Alibert –Paris 10ème, des Forces Françaises de l’Intérieur, détaché à la Résistance de la Police, aux Corps Francs, a combattu dans nos rangs pendant les journées de la Libération. Il a été assassiné lâchement le 21 septembre 1944 avec le Gardien de la Paix Picout André du 10ème arrondissement.

Renseignements recueillis auprès Commissariat du 10ème arrondissement le 26 avril 1946 par la Commission Départementale d’homologation des grades FFI

Il ressort que le nommé Lalis Etienne a été tué le 21 septembre 1944 par une rafale de mitraillette chez le Gardien de la Paix Picout André, qui fut lui-même ainsi que sa femme, tués le même jour. Le nommé Lalis et le Gardien de la Paix Picout, faisaient partie d’un groupe franc chargé d’arrêter les collaborateurs. La Brigade criminelle chargée de l’enquête est restée négative. Il n’a pu être établi par qui l’attentat avait été commis. Le Gardien de la Paix Picout, était concierge 41 rue des Vinaigriers à Paris 10ème chez qui se trouvait Lalis ce soir là.

Rapport de la P.J. établi le 6 février 1950 

Le 21 septembre 1944 à 21 heures environ, rafale de mitraillette. L’on ne se trouve pas en présence d’une action perpétrée par les agents de la Gestapo ou des miliciens, mais plutôt d’une expédition punitive dont le motif ne paraît être autre qu’un règlement de comptes entre membres de « Corps Francs » ou FFI » constitués en août 1944. Certains Corps Francs ont été impliqué dans des vols constatés à la suite d’arrestations et de perquisitions irrégulières par eux au domicile des personnes soi-disant collaboratrices. A ce jour les auteurs de ces crimes n’ont pas été identifiés

PV de la Gendarmerie Nationale en date du 1er Mars 1950 :  Déclaration de madame Lalis

 « Mon mari faisait partie du groupe de Résistance de la police dont le siège se tenait à l’époque 41 rue des Vinaigriers Paris 10ème. Il a été fusillé à son poste le 21 septembre 1944 avec le Gardien de la Paix Picout et son épouse, par des inconnus. J’ignore les motifs et circonstances de l’accident. Lorsque je me suis rendue sur place, il était déjà à l’Hôpital Saint Louis d’où on l’a ensuite transporté à l’Hôtel Dieu pour l’autopsie. Mon mari ne m’a jamais mise au courant qu’il faisait partie de la Résistance mais simplement quelques temps avant son décès il m’avait laissé entendre qu’il se déplaçait pour son groupe et que bientôt tout serait fini. Je n’ai pas entendu dire que la fusillade avait eu des témoins oculaires. Ces trois personnes ont été tuées dans la loge de la concierge tenue à l’époque par la famille Picout. »

Déclaration de l’Inspecteur de Police, Capitaine des FFI, responsable du 10ème arrondissement, qui a fait l’attestation du 6 novembre 1944  

« Monsieur Lalis est entré dans les Corps Francs de la Police. Il a été sollicité par l’Agent Picout qui appartenait déjà au mouvement « Honneur et Police ». Lalis a participé à la Libération de Paris du 19 au 25 août 1944. Il a été assassiné avec les époux Picout au domicile de ces derniers par des individus venus en automobile. Sur place ils ont été abattus à coups de rafales de mitraillette dans la loge de la concierge tenue à l’époque par la famille Picout. J’ai la certitude que les causes de l’assassinat proviennent des opérations effectuées par ces Corps Francs parmi les membres de la Gestapo et la milice. Cette affaire a fait l’objet de deux informations : l’une en 1944 et la seconde en 1948. J’ai fourni des rapports à l’Etat Major de la Police municipale quelques jours après le décès. Je n’ai pas gardé de double des pièces. »


Que s'est-il donc passé ce 21 septembre 1944 ? Les coupures de presse de l'époque ne sont guère explicites :


L'Humanité du 24 septembre 1944


Le Populaire

5ème colonne ? Gestapo ? Miliciens de Darnand ? Membres de Corps francs FFI rivaux ?

Qui sont les assassins des époux Picout et d'Etienne Lalis ?

Alphonse Boudard dans son livre "L'étrange Monsieur Joseph" livre une explication :

Joseph Joanovici, juif bessarabien, a débarqué en France en 1925 et est vite devenu "Monsieur Joseph", le ferrailleur réputé. Au début de l'Occupation il a compris que les Allemands auraient besoin de métal et … donc de lui. Les Allemands ouvrirent des bureaux d'achats; ils avaient besoin de tout, leur industrie étant totalement orientée sur la production de guerre. Monsieur Joseph s'achètera un certificat de non appartenance à la "race juive", fréquentera la Gestapo française de la rue Lauriston, le tout Paris, deviendra milliardaire, mais aussi … profitant de ses connaissances aidera de nombreuses personnes à échapper à la déportation, fournira les armes pour l'insurrection parisienne, patronnera un réseau de résistance de la Préfecture de police … Traître pour les uns, ignoble profiteur pour les autres, résistant de haute volée pour les troisièmes … Jugé, condamné à une peine de prison pour collaboration économique, il mourra dans la misère le 7 février 1965.

On a dit que pour se dédouaner il a dénoncé la bande de la Gestapo de la rue Lauriston début septembre 1944. Par mesure de prudence ses amis de la Préfecture de police lui offrent une escorte armée … les amis de Monsieur Henri Lafont, le patron de cette Gestapo, pourraient avoir envie de se venger. Le 11 septembre 1944 Monsieur Joseph est interpellé lors d'un contrôle de la Sécurité militaire. Il a commis l'erreur de conserver sur lui son laissez-passer de la Gestapo. Malgré les témoignages de moralité immédiatement fournis par les plus hautes autorités de la résistance, il se retrouve à la prison de la Santé dont il parviendra à sortir le 14 novembre … il fête sa libération à la Préfecture de Police en compagnie du Préfet Luizet qui lui remet à cette occasion une médaille …

Mais pendant son incarcération un policier du nom de Picout a voulu perquisitionner chez lui, boulevard Malesherbes. L'appartement était gardé par des policiers FFI qui l'ont rapidement éconduit sans ménagement. Picout a alors promis de revenir avec d'autres représentants de la loi. Il n'en aura pas le temps … un commando FFI l'abattra à son domicile.


Qui saura un jour ce qui a tué Etienne Lalis ? Nicole, quant à elle, a la satisfaction d'avoir enfin pu honorer la mémoire de son père.

Merci à elle et à Luc, son mari.