Le Quimper, un char très photographié

25 août 1944 le commandant Rouvillois reçoit l’ordre de réduire les Allemands retranchés  dans la caserne La Tour-Maubourg, au Ministère des Affaires étrangères et à la Chambre des députés.  L’attaque de la Gare des Invalides et du Ministère est confiée au sous-lieutenant Jean-Marie Bureau, 24 ans, chef du 2ème peloton du 2ème escadron du 12ème Cuir qui dispose de cinq chars : le Saint-Cyr, le Lorient, le Fyé, le Soissons et le Quimper. Il sera appuyé par l’infanterie de la 1ère section du 1er Bataillon du Régiment de Marche du Tchad commandée par le sous-lieutenant Rouslan Djambekoff, 43 ans.

Arrivés par la rue de Constantine les fantassins se déploient sous les arbres de l’Esplanade des Invalides et arrosent les fenêtres du Ministère.

Les chars se mettent en position et ouvrent le feu. 

Le Metz de l’escadron d’Etat-major les appuie à l’angle de la rue de l’Université. Les premiers blessés sont évacués.

Deux chars enfoncent une porte du Ministère. La garnison allemande cesse le feu et se rend.

Le Quimper, dos à la gare des Invalides, a été atteint d’un coup de Panzerfaust qui l’a enflammé. L’équipage est parvenu à s’en extraire au prix de quelques brûlures et a immédiatement été pris en charge par des secouristes de la Croix-Rouge. Quelques minutes plus tard les caisses de munitions explosent,  soufflant la tourelle.

Le sous-lieutenant Jean-Marie Bureau, descendu de son char Saint-Cyr pour mener l’attaque, a été abattu par un sniper posté aux fenêtres. A ses côtés sont tombés le cavalier Claude Cazebielle, 19 ans, et les marsouins Armand Pinson, 38 ans, Jean-Baptiste Ferracci, 21 ans, Svevolod Federoff, 39 ans, et Marcel Federicci, 22 ans.

Aujourd’hui on peut découvrir rue Robert-Esnault-Pelterie (portion de la rue de Constantine débaptisée en 1957) ces deux plaques commémoratives sur le mur du Ministère des Affaires étrangères. Celle de Jean-Baptiste Ferracci a été posée en 2006 à la demande d’un membre de sa famille. Les autres victimes n’ont pas reçu d’hommage personnalisé.

Le soir même les badauds affluent sur les lieux de la bataille et observent le char devant la Gare des Invalides. Sa tourelle gît près de lui.

Le lendemain une dame du quartier inscrit à la craie cette épitaphe sur la carcasse : « Ici sont morts trois soldats français ». Il est vrai que trois d’entre eux, grièvement blessés, ont été conduits au poste de secours tenu par l’abbé Hénin aux Invalides où ils sont décédés quelques heures plus tard. Elle doit l’ignorer. A noter que la tourelle a été reposée à l’envers sur le char.

Le char sera filmé et photographié sous tous ses angles. Les Parisiens viendront se recueillir devant le « tombeau » des vaillants Leclerc et déposeront de nombreux bouquets de fleurs.

Deux photographies posent cependant un petit problème. Sur celle de gauche l’épitaphe est tracée alors que la tourelle gît encore par terre à côté du char. Sur celle de droite la dame semble l’écrire mais l’on voit que la tourelle a été reposée sur la carcasse du char. De plus il a  été déplacé. Lucien Rudaux, auteur de la photographie, aurait-il demandé à cette femme de mimer la scène ? (voir le cliché en meilleure définition sur le site du Musée de la résistance en  ligne).

 

Début septembre l’équipage du Quimper, remis de ses blessures, pose devant l’objectif. On reconnait de gauche à droite : le tireur Louis Périno, le pilote Henri Casimiro de San Leandro, le chef de char Martinez et l’aide-pilote Gibaja. Le radio-chargeur Mary n’est pas présent ce jour-là.