Le périple d’Alexandre


photo "La Maison des combattants des ghettos"

Alexandre Karnovsky est né le 27 août 1917 à Ekaterinodar (aujourd’hui Krasnodar) en Russie. Son père Marc et sa mère Maria Alpérine décident en 1928 d’émigrer en France pour fuir le nouveau régime soviétique. À Paris Marc trouve un emploi de traducteur de langues slaves aux laboratoires Biothérapie dirigés par son beau-frère Abraham Alpérine, inventeur du dentifrice Sanogyl. En 1933 la famille demande la nationalité française. Marc est partiellement sourd ce qui lui a valu une réforme pendant la Grande Guerre mais qui ne l’a pas empêché de diriger plusieurs entreprises pour la défense nationale de l’empire tsariste ; il s’exprime difficilement en français. Il a laissé en Russie, maintenant Union soviétique, trois frères et trois sœurs. La demande est ajournée, l’administration jugeant que les Karnovsky ne sont suffisamment intégrés. En 1936 la famille présente une nouvelle demande. Alexandre, leur fils unique, est  étudiant en philosophie au lycée Condorcet à Paris. Cette fois-ci la nationalité française leur est accordée.

1939 : la guerre est déclarée. Alexandre, étudiant en médecine, est mobilisé à la 22ème section d’infirmiers de la caserne Mortier à Paris mais se porte rapidement volontaire pour l’École des officiers de réserve de Saint-Maixent. Mai 1940 : les Allemands envahissent le pays et culbutent rapidement les armées françaises. Le 18 juin le colonel Michon, commandant l’école de cavalerie, organise sur les ponts de la Loire, à Saumur, une ultime défense. Les 776 cadets de Saumur, les 568 élèves officiers de réserve de Saint-Maixent, 150 tirailleurs nord-africains, 120 sapeurs du Génie, 200 hommes d’un Groupe de reconnaissance de division d’infanterie et des artilleurs de Fontainebleau vont se battre « pour l’honneur ». Les Allemands exigent la reddition des troupes. Un canon de 25 mm leur répond. L’artillerie allemande se déchaîne sur la ville. Canons de 88 mm contre mitrailleuses. Les troupes ennemies qui se risquent à traverser la Loire sont accueillies par le feu des Français. Mais le 20 juin à l’aube les îles où se sont retranchés les cadets sont enlevées au prix de pertes sévères de part et d’autre. À 12h15 les cadets de Saint-Maixent, sous les ordres du capitaine Bleuse, contre-attaquent à la baïonnette près de la ferme d’Aunis ; ils perdent cinq chars. Dans la soirée les Allemands prennent pied sur l’autre rive. À 19h30 le colonel Michon donne l’ordre de repli. Le capitaine Bleuse et ses cadets de Saint-Maixent décrochent à 22h00 pour rejoindre Chinon où ils seront capturés par les Allemands. Alexandre, du 2ème bataillon de cadets a été capturé le 21 juin avec la section du lieutenant Benoît restée sur le terrain pour couvrir la retraite de ses camarades. Le 30 juin il tente de s’évader du camp de prisonniers mais est vite repris. Il sera libéré et démobilisé en octobre 1940. Le 3 mars 1941 il est nommé sergent de réserve breveté chef de section. Il s’inscrit à la Légion des combattants et reprend ses études de médecine à Marseille.


Les combats de la Loire (site Chemins de mémoire)


La ferme d'Aunis (site Chemins de mémoire)

Avril 1941, le gouvernement de Vichy, qui a décidé de réviser toutes les naturalisations accordées depuis 1927, rouvre le dossier de la famille Karnovsky. Un rapport de police fait état des renseignements suivants : Marc Karnovsky ne travaille plus en raison de son état de santé ; la famille est prise en charge par Abraham Alpérine. Alexandre s’est effectivement très bien battu pendant la campagne de France mais il est membre du Parti socialiste révolutionnaire russe à l’étranger, ainsi que son oncle Abraham Alpérine d’ailleurs, et fréquente Suzanne Charpy, la gérante du journal « Lutte ouvrière » organe du POI (Parti ouvrier internationaliste) L’administration prend la décision de retirer la nationalité française à la famille Karnovsky le 3 juillet 1941. Marc, décédé le 16 juin, ne connaîtra pas cette humiliation. Alexandre tente de faire appel à cette décision mais sans succès apparemment puisque c’est en décembre 1944 que les nouvelles autorités abrogeront le décret de rejet.

À une date non précisée, le docteur André Cancelier, futur maire de la ville de Sannois de 1959 à 1992, rencontre son ancien condisciple de la faculté de médecine de Paris sur le boulevard Saint-Michel. Alexandre lui avoue qu’il cherche à passer en Angleterre pour continuer le combat.

Alexandre a vraisemblablement réussi puisqu’on retrouve sa trace en novembre 1943 à Temara (Maroc). Il est médecin aspirant à la batterie d’état-major du 22ème Groupe colonial de forces terrestres antiaériennes (22ème GCFTA) sous les ordres du lieutenant Flamand. Le général Leclerc constitue la DCA  de sa division à partir de la 3ème Batterie d’artillerie coloniale de DCA légère et de la Compagnie anti-chars n° 5 (qui l’ont accompagné au Fezzan, en Tripolitaine et en Tunisie) auxquelles il adjoint la Compagnie lourde n° 3 de la 2ème DFL. Le commandant Lancrenon prend le commandement de cette nouvelle unité. Dans laquelle de ces trois unités Alexandre a-t-il servi antérieurement à novembre 1943 ? Il ne figure pas sur la liste des Français libres. Vient-il d’abandonner l’Armée d’Afrique du général Giraud pour rallier la future 2ème Division blindée ? Fait-il partie de ces « évadés » de France par l’Espagne qui ont rejoint l’Afrique du Nord ? Aucun renseignement pour l’instant.

De novembre 1943 à avril 1944 les différentes unités de la 2ème Division blindée perçoivent le matériel américain avec lequel il vont combattre, s’entraînent, accueillent de nouvelles recrues. 17 avril 1944, les troupes embarquent à Oran, direction l’Angleterre. Le 22ème GCFTA s’installe à Hornsea où il poursuit son entraînement d’arrache-pied. Le 29 juillet, enfin, les hommes embarquent à Southampton. Ils partent pour la France. Le 1er août ils atteignent les côtes françaises à Saint-Martin de Vareville et foncent vers le Sud : Vesly, Périers, Coutances, Gavray, La Haye-Pesnel, Avranches, Ducey, Saint-Aubin de Terregatte, Auvers le Hamon, Le Mans. La bataille de Normandie de la 2ème Division blindée peut commencer.

Comme en 1940 Alexandre abandonne son statut de médecin et se fait muter dans une unité combattante. Il est nommé adjoint au chef de la 1ère section (sous-lieutenant Gilles) de la 1ère batterie de tir commandée par le lieutenant Gloaguen. 12 août, la section se positionne en protection anti-aérienne et anti-chars à Doucelles ; le 13 elle abat un avion au dessus d’Alençon et protège le GTV (Groupement tactique Warabiot) à Écouché. Le 15 à 17h00 des chars allemands attaquent Écouché ; les canonniers Boka, Schmidt et Bontalib, blessés, sont évacués ; à 20h30 le canonnier Ursprung est grièvement brûlé sous un bombardement ennemi. Les 16 et 18 août nouveaux bombardements. Pas de victimes à la batterie.

23 août, direction Paris ! Le général Leclerc vient d’obtenir l’ordre tant attendu : libérer la capitale. Alexandre prend le commandement de la 2ème section à la place du sous-lieutenant Chautemps qui vient d’être blessé à la jambe au cours d’un accident automobile. Si  à la 1ère section son véhicule Dodge portait le nom de « Fort Lamy », sa jeep de commandement dans sa nouvelle section porte le nom de « Tunisie »

Il faut savoir que les noms de baptême peints sur les véhicules de la 2ème Division blindée rappelaient les batailles que les hommes avaient livrées. Alexandre a-t-il participé aux opérations du Tchad ?

Sous ses ordres on trouve son adjoint, l’adjudant Espérance Barreau, la 5ème pièce du maréchal des logis Brochet (GMC Brack), la 6ème pièce du maréchal des logis Lemeur (GMC Nalut), la 7ème pièce du maréchal des logis Giner (GMC Ksar Rhilane) et la 8ème pièce du maréchal des logis Rambaud (GMC Sfax).

Boucé, La Lande-du-Goult, Le Cercueil, Alençon, Bellême, Nogent-le-Rotrou, Chartres, Ablis, Limours, le 22ème GCFTA fonce sur Paris en assurant la protection du GTV. Le 24 août la 1ère batterie se place au carrefour Nord d’Arpajon, à 15h00 elle est au Nord de Longjumeau où les troupes essuient un bombardement.

 Le 25 août à 12h00 elle entre dans Paris par la Porte d’Orléans et se porte en reconnaissance vers le Bois de Vincennes.

Saint-Mandé 14h00 : Ici se termine le long périple d’Alexandre Karnovsky. Dans quelques instants il va trouver la mort sans avoir pu revoir sa mère à qui il vient de téléphoner pour lui annoncer sa présence dans Paris après de si nombreuses années d’absence. La pauvre femme a prévenu famille et voisins, elle prépare un repas pour fêter le retour de son fils unique. Quand, dans quelques heures, elle apprendra sa mort, de désespoir elle se jettera par la fenêtre.

Les artilleurs de la 1ère batterie avenue du Trône

Toutes les photos reproduites ici proviennent de la collection de Laurent Fournier auteur, avec Alain Eymard, de "La 2ème DB dans la libération de Paris.


Il existe plusieurs témoignages sur l’épisode qui coûta la vie à Alexandre, si quelques détails diffèrent, le scénario est le même :

1) Le lieutenant Gloaguen, commandant la 1ère batterie, se porte à la tête d’un groupe de reconnaissance au carrefour Saint-Mandé-Tourelles. Une automitrailleuse allemande venant de Vincennes ouvre le feu sur la colonne. Le brigadier Mariotte, du groupe de protection, l’immobilise à coups de 12,7 mm mais malgré les obus qui ricochent sur son blindage elle continue de tirer. Gloaguen s’empare d’un bazooka et, avec le brigadier Chabert, parvient à la détruire. Les soldats allemands sautent du véhicule en feu, s’enfuient dans la rue Céline-Robert et se réfugient dans un immeuble. Les canonniers du FTA, aidés par les nombreux FFI qui sont venus les rejoindre, assiègent l’immeuble ; sept soldats allemands seront tués. Du côté français on déplore le mort du sous-lieutenant Karnovsky et du brigadier Gilardi ainsi que neuf blessés (témoignage du lieutenant Gloaguen, commandant la 1ère batterie).


devant le café de Paris, l'automitrailleuse détruite


Alexander Karnovsky


Pierre Gilardi

2) Arrivés aux environs du métro Saint-Mandé-Tourelles, une fusillade éclate. Des Allemands refluent vers nous dans une automitrailleuse et tentent de passer en force. Notre canon ouvre le feu, la voiture allemande explose. Les soldats se sont enfuis dans les maisons environnantes. Nous cernons un pâté de maisons ; deux Boches sont tués. Un FFI me prévient que l’on tire derrière une palissade ; je la contourne et abat un Boche qui était installé derrière des blocs de béton. Deux Allemands se sont réfugiés au 5ème étage d’un immeuble. Ils balancent des grenades ; ils ont des otages civils. Au premier assaut, un mort et deux blessés. Le sous-lieutenant Karnovsky s’élance dans l’escalier, revolver au poing. Il reçoit une rafale de mitraillette qui lui traverse la gorge. Se voyant perdu, et plutôt que de souffrir cinq ou six heures inutilement, il s’arrache lui-même la gorge et meurt dans les bras d’un camarade. Nous finissons par avoir raison des deux soldats allemands qui sont jetés vivants du 5ème étage. Neuf Allemands tués ; de notre côté deux morts et huit blessés (témoignage du canonnier Marcel Wajemus de la 1ère section de tir).

3) Une automitrailleuse et un tank lourd venant du Fort de Vincennes tentent de remonter vers la place de la Nation en tirant sur les façades des immeubles. Le tank fait demi tour mais l’automitrailleuse, assaillie par les FFI du groupe Soula, est obligée de s’arrêter. Bouteilles d’essence, grenades, le véhicule prend feu. Ses neuf occupants sautent à terre ; trois sont abattus tandis que les six autres courent se réfugier au 4ème étage de l’immeuble situé au 17 de la rue Céline-Robert. Les FFI encerclent la pâté de maisons, un poste de secours est installé dans les sous-sols du café de la Tourelle où affluent très vite de nombreux blessés. Quelques auto-canons de la Division Leclerc qui patrouillaient aux environs arrivent en renfort. Des volontaires se précipitent dans l’immeuble. Le sous-lieutenant Karnovsky est tué d’une grenade dans le couloir ainsi que le canonnier Gilardi et le FFI Edmond Duval ; de nombreux hommes sont blessés. Les secouristes Jacques Desfossés et Pierre Delaunay parviennent, au péril de leur vie, à récupérer le corps du sous-lieutenant ; Jean Ayon et Roger Daubié évacuent certains blessés. Les Allemands refusent de se rendre et continuent de tirer. Un groupe parvient enfin à atteindre l’étage où ils se sont réfugiés. La porte de l’appartement est enfoncée. Une brève lutte… puis les soldats sont jetés par la fenêtre  et viennent s’écraser dans la rue. Il est 19h00, le combat est terminé (Saint-Mandé dans la libération, l’ombre et la lumière- 1946).


à droite, pistolet mitrailleur en mains, le lieutenant Gloaguen


place des Tourelles

Le canonnier Jean Blanchard, de la 2ème section de tir, se souvient qu’à Antony, le 24 août vers 20h00, le sous-lieutenant Karnovsky se mêla à son groupe qui dégustait une poêlée de champignons récoltés sur place. Il y  goûta avec plaisir mais demanda qui les avait ramassés. Réalisant qu’aucun des hommes n’était un mycologue averti, il conseilla à ce petit monde de trouver du lait sur le champ et d’en boire beaucoup. Heureusement il n’y eut aucun malade. Le lendemain 25 août, alors que la colonne se mettait en marche, Alexander réussit à téléphoner à sa mère pour lui donner rendez-vous en fin de journée du côté de Vincennes. Jean Blanchard assura la garde d’honneur devant les corps de son sous-lieutenant et du canonnier Gilardi dans le hall du Musée des Colonies, Porte Dorée, et revoit encore avec émotion ces dames en noir pleurer devant le cercueil d’Alexandre.

Grâce à M. François Gervais, secrétaire de l’Union locale de Bagnolet de l’Union française des Associations d’anciens combattants et victimes de guerre (ULAC Bagnolet), j’ai pu rencontrer Mme Hélène Barreau, veuve de l’adjudant Espérance Barreau, le sous-officier adjoint du sous-lieutenant Karnovsky. Elle se souvient très bien de cette journée mémorable du 25 août 1944 et frissonne encore à l’évocation  des cloches parisiennes qui sonnèrent à la volée la veille au soir pour saluer l’entrée de la colonne Dronne dans la capitale. D’ailleurs elle s’était précipitée à l’église Saint-Gabriel, près du lycée Hélène-Boucher, pour transmettre au curé la consigne entendue à la radio. Celui-ci, entendant les cloches de Saint-Germain de Charonne toutes proches, s’exécuta avec enthousiasme.


Hélène et sa soeur posent avec des canonniers

Hélène habite avec ses parents et ses deux sœurs rue des Pyrénées, presque à l’angle du cours de Vincennes. Le vendredi 25 août on ouvre le champagne à la maison ; elle travaille chez un négociant en vins et spiritueux rue de l’Arcade et a pu s’en procurer quelques bouteilles. Pendant que l’on trinque des coups de canon se font entendre. On se bat au-delà de la voie ferrée de la Petite Ceinture. Hélène et ses sœurs descendent et se précipitent sur le cours de Vincennes pour voir les soldats français. Embrassades, photos, échange d’adresses… Son futur mari stationne à quelques centaines de mètres, mais la rencontre n’interviendra qu’un an plus tard à Châteauroux où la Division se prépare pour les derniers combats qui doivent la conduire en Allemagne. Le lendemain 26 août Hélène se rend à l’Hôtel de Ville pour assister au discours du général de Gaulle. Le retour se fera sous les coups de feu qui partent des toits et provoquent la panique.


l'adjudant Espérance Barreau


l'avenue de Paris après les combats


Une branche de la famille Karnovsky s'est éteinte avec la mort d'Alexander. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Alexander avait deux cousins en Ukraine. Leurs enfants, Igor (qui vit maintenant au Canada) et Shoura Alexander Karnofsky (qui vit en Allemagne) ont tenté pendant des années d'obtenir des renseignements sur leur oncle disparu si jeune. Début 2012, je suis contacté par le Professeur Igor Karnovsky. Il a trouvé mon adresse grâce au site Internet de Stéphane Delrieu « Beskid, le premier magazine francophone consacré à la Pologne ». Un grand-père né à Varsovie, une épouse polonaise, Stéphane a des attaches particulières avec ce pays et s’est lancé dans l’Internet ; ses forums d’histoire et de généalogie rencontrent un grand succès. Un autre grand-père de Stéphane était cousin avec Maria Alpérine, la mère d’Alexandre. Le professeur Igor Karnovsky, petit-fils d’Ilya, ne possède que très peu de renseignements sur son grand-oncle Marc qui a émigré en France après la révolution russe. Mais grâce à Stéphane le dossier de naturalisation de Marc, Marie et Alexandre a été exhumé des archives, et il a pu ainsi apprendre l’existence des sept enfants issus du couple Alexander Karnovsky et Fanny Watcharov : Ilya, Michel, Abraham, Marc, Raïs, Anna et Berthe. Dans les années cinquante les frères et sœurs furent interrogés par la KGB sur ce Marc qui avait quitté l’Union soviétique et dont le fils avait été tué pendant la libération de Paris. La mort de Staline, heureusement, mit un terme à l’enquête. Igor Karnovsky m’apprend que sa fille Olga viendra à Paris, au mois de mars, rendre une visite à son fils Evgeniy, étudiant en stage pour huit mois à l’École normale. Rendez-vous est pris devant le monument érigé par la municipalité de Saint-Mandé en l’honneur des victimes des combats de la libération d’août 1944.


Evgeniy, Kristina, Vladimir et Olga

Olga est accompagnée de son mari Vladimir; Kristina, l’épouse de leur fils Evgeniy, est aussi présente et servira d’interprète. Une certaine émotion se lit dans les yeux d’Olga qui se recueille quelques instants devant le monument ; son fils dépose un petit bouquet de fleurs. Je les conduis ensuite rue Céline-Robert tout en leur expliquant comment leur petit cousin Alexandre a trouvé la mort le jour de la libération de Paris, le jour de la victoire.

Alexandre aurait été tué dans le couloir de l'immeuble, au n° 17, et amené par les secouristes à la maison du n° 11.

Nous nous rendons ensuite au cimetière de Bagneux. Ne connaissant pas l’emplacement de la tombe, il va nous falloir sillonner les trois carrés militaires. Déception ! Nous ne la trouvons pas. Un employé du cimetière, intrigué par notre petit groupe, s’approche. Je lui explique la démarche d’Olga et de sa famille. Il court à son bureau et revient quelques instants plus tard. Il a trouvé une tombe Karnovsky, elle n’est pas dans un carré militaire, mais il se propose de nous y conduire. Olga découvre la tombe : « Familles Alpérine et Karnovsky ». C’est elle ! Olga est émue et heureuse. La famille dépose un  bouquet de fleurs et quelques cailloux. Soixante huit ans plus tard la boucle est bouclée. La famille Karnovsky a retrouvé la trace de ce petit cousin émigré en France dans les années 1920 et mort pour son nouveau pays à l’âge de 27 ans. Il reste une zone d’ombre, les activités d’Alexandre de fin 1941 à novembre 1943. Les recherches se poursuivent.


dans un carré militaire, à la recherche de la tombe

Dans son enfance, Stéphane Delrieu a souvent entendu dire qu’il ne fallait jamais annoncer à l’avance son arrivée ou dire ce qu’on allait faire le lendemain ; à chaque fois le cas d'Alexandre était cité, lui qui avait téléphoné à sa mère pour lui dire : « J’arrive »…