L’adjudant-chef radio Lucien Le Nan

Lucien Le Nan est né le 8 mars 1906 à Brest (29). Marié à Odette Secq, il exerce la profession de rapporteur aux Finances et vérificateur des Douanes et demeure 47, boulevard Magenta à Paris 10ème. Mobilisé en 1939 en qualité de sergent vaguemestre à la Compagnie radiotélégraphique CMG 68 (secteur postal  84 : Tours), il est fait prisonnier en 1940, envoyé au Stalag XII-B de Frankenthal où il est immatriculé sous le numéro 19445 et affecté à un Kommando agricole dans la région de Koblenz (Coblence). Atteint de diphtérie, il est hospitalisé près de Mainz (Mayence), puis rapatrié au camp de Compiègne en janvier 1942 et libéré.

De ses activités pendant l’occupation, on ne sait pas grand-chose. Au cours de l’insurrection parisienne le voilà adjudant-chef radio d’un groupe de choc FFI du 20ème arrondissement. La Mairie a été prise le 19 août. FFI et Milices patriotiques harcèlent les convois allemands qui essaient de pénétrer dans la capitale. Nombreuses escarmouches avec les tireurs des toits qui n’hésitent pas à mitrailler les civils. Participation à l’attaque du train de Belleville, combats rue d’Avron et rue des Maraîchers… Les opérations des FFI du 20ème sont nombreuses et coûteuses en vies humaines. Auxquelles de ces actions l’adjudant-chef Lucien Le Nan a-t-il participé ?

25 août 1944, la 2ème Division blindée du général Leclerc entre dans la capitale pour l’assaut final. Aidée des FFI elle réduit tour à tour les garnisons du Sénat, de l’Ecole Militaire, de l’Assemblée nationale, de la Kommandantur de la place de l’Opéra. Le général Von Choltitz est capturé dans son PC de l’hôtel Meurice et conduit à la Préfecture de police où il signe la reddition de ses troupes. Place de la République les FFI encerclent la caserne Prince-Eugène. Les combats sont acharnés. Les Allemands ne veulent pas se rendre. 

Non loin de là, l’adjudant-chef Le Nan et le FFI Alfred-Nathan Ozrout, né le 10 janvier 1910 à Lemberg (Autriche), sortent du café Le Floréal situé à l’angle de l’avenue Parmentier et de la rue du Faubourg du Temple, face au métro Goncourt. Ce café tient lieu de poste de commandement au groupe de choc. Peut-être ont-ils participé à une réunion de dernière minute ou profité d’une pause pendant les combats. Les deux hommes sont mitraillés. Soldats allemands ? Miliciens tireurs des toits ? On ne sait pas. Lucien Le Nan est atteint de quatre balles dont deux dans la tête et transporté à l’hôpital Saint-Louis tout proche où son décès sera enregistré le lendemain.

Si l'on en croit ces documents du Secrétariat général des anciens combattants et victimes de guerre (service des sépultures militaires), ses parents domiciliés à Brest n'apprendront la nouvelle qu'en janvier 1945.

Mais Lucien Le Nan avait une autre corde à son arc : il écrivait des romans policiers qui seront édités en 1945 dans la collection "Police Secours" de R. Simon, une collection très populaire à l'époque.

Enfin il existe bien un boxeur du nom d'Alfred Ozrout dans les années d'avant-guerre, mais il est impossible d'affirmer qu'il s'agit de son camarade.

 

Un grand merci au neveu de Lucien Le Nan qui a bien voulu nous faire partager tous ces documents.