La 2ème Division blindée

La 2ème Division blindée du général Leclerc a débarqué à Saint Martin de Vareville le 1er août 1944. Rattachée au XVème corps de la 3ème Armée américaine du général Patton, elle participe aux combats visant à fermer la poche de Falaise.

Philippe de Hauteclocque est né le 22 novembre 1902. Capitaine d'état-major, il est blessé et fait prisonnier en juin 1940; il s'évade et rejoint le général de Gaulle à Londres. Nommé chef d'escadrons il prend le pseudonyme de Leclerc. Le 1er mars 1941, la Colonne Leclerc s'empare du fort italien de Koufra. Le général Leclerc, à la tête de la Force L, conquiert le Fezzan en mars 1942 et remonte jusqu'à Tunis. Il prend le commandement et organise la 2ème Division blindée créée le 24 août 1943 et transportée en Angleterre en avril 1944 en vue du futur débarquement.


Voici l'organigramme de la 2ème Division blindée lors de son entrée dans Paris. Il subira de nombreuses modifications au gré des opérations :

général Leclerc

– état-major

– 97ème compagnie de quartier général

– escadron de protection

Groupement tactique Dio (GTD)

– RMSM : 5ème escadron

– RBFM : 3ème escadron

– 13ème Bataillon de génie : 2ème compagnie

– FTA

– Marinettes

– GER XV : 3ème escadron

– 12ème Cuir

– 1er RMT

– 1/3ème RAC

Groupement tactique Langlade (GTL)

– RMSM : 2ème escadron

– RBFM : 4ème escadron

– 13ème Bataillon de génie : 1ère compagnie

– FTA

– Quakers

– GER XV : 2ème escadron

– 12ème RCA

– 2ème RMT

– 40ème RANA

Groupement tactique Billotte (GTV)

– RMSM : 3ème escadron

– RBFM : 2ème escadron

– 13ème Bataillon de génie : 3ème compagnie

– FTA

– Rochambelles

– GER XV : 1er escadron

– 501ème RCC

– 3ème RMT

– 64ème RADB


Détails et insignes des unités

Le monument de Dompaire

1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (RMSM) colonel Rémy
Régiment Blindé de Fusiliers Marins (RBFM) capitaine de frégate Maggiar
13ème Bataillon de Génie commandant Delage
22ème Groupe Colonial des Forces Terrestres Anti-Aériennes (FTA) commandant Chanson
12ème Régiment de Cuirassiers (12ème Cuir) colonel Noiret
Régiment de Marche du Tchad (RMT) lieutenant-colonel Vézinet

1er Bataillon : commandant Farret
2ème Bataillon : commandant Massu
3ème Bataillon : commandant Putz

3ème Régiment d'Artillerie Coloniale (3ème RAC) commandant Fieschi
15ème Groupe d'Escadrons de Réparations (GER XV) chef d'escadrons Flandre
12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique (12ème RCA) lieutenant-colonel Minjonnet
40ème Régiment d'Artillerie Nord-Africaine (40ème RANA) commandant Mirambeau
501ème Régiment de Chars de Combat (501ème RCC) lieutenant-colonel Warabiot
64ème Régiment d'Artillerie de Division Blindée (64ème RADB) commandant Tranié
13ème Bataillon médical (13ème BM) médecin commandant Montfort

Rochambelles
Marinettes
Quakers

397ème compagnie de circulation routière (DCR) capitaine Rendu
84ème compagnie mixte de transmissions (97/84 CMT) capitaine Cermolacce

De nombreuses "futures personnalités" ont servi dans la 2ème Division blindée :

– des artistes

L'adjudant-chef Legrand, dit Jean Nohain, commandant la section de protection du GTV (animateur de télévision et parolier)

 

son fils Dominique Nohain, également au GTV (auteur dramatique)

 

et son frère, le capitaine Claude Legrand, dit Claude Dauphin, chargé des liaisons avec les autorités américaines à l'état-major de la division (acteur)

 

Le chasseur Jean Marais conducteur de la jeep Célimène à la 3ème compagnie du 501ème RCC (acteur)

 

Le second maître Montcorgé, dit Jean Gabin, chef du char Souffleur au 2ème escadron du RBFM (acteur)

 

Le spahi Jean-Claude Villeminot, dit Jean-Claude Pascal, du 1er RMSM (acteur)

 

Le médecin auxiliaire Yves Ciampi de la 1ère compagnie médicale du 13ème BM (réalisateur)

 

Le sapeur Hubert Deschamps du 13ème Bataillon de génie (acteur)

 

Le maréchal des logis chef Jean Gras du 3ème peloton du 1er escadron du 12ème Cuir (acteur)

 

– des hommes politiques

L'aspirant Yves Guéna du 4ème RMSM (ministre)

 

Le lieutenant Robert Galley de la 1ère compagnie du 501ème RCC (ministre)

 

Le sous-lieutenant Claude Cheysson du 3ème escadron du 12ème RCA (ministre)

 

Le lieutenant Maurice Schumann, du GTV (ministre)

 

Gabriel Kaspereit, de la Cie de QG 97 (député maire de Paris)

 

Le sapeur Hubert Durand-Chastel, du 13ème Bataillon de Génie (sénateur)

 

– des journalistes

Jean Lacouture de la 397ème Compagnie de transports

 

Jean Daniel du 501ème RCC

 

– et encore

Claude Terrail, de la 97/84 CMT, propriétaire du restaurant la Tour d'Argent à Paris.

 

François Jacob, sous-lieutenant du 13ème Bataillon médical, futur prix Nobel de médecine.

 


Composition du détachement qui entra le premier dans Paris, le 24 août 1944

En fin d'après midi, les éléments de tête de la 2ème Division blindée piétinent sur la nationale 20 à Antony au sud de Paris. Ils se sont heurtés à de solides bouchons allemands installés au carrefour de la Croix de Berny, à la Prison de Fresnes et à Bourg la Reine. Le général Leclerc interpelle le capitaine Dronne et lui donne l'ordre de foncer sur l'Hôtel de Ville en empruntant des itinéraires détournés. Dronne prend avec lui trois de ses sections, la section du lieutenant Michard de la 2ème compagnie du 501ème RCC (trois chars) et la 2ème section de la 3ème compagnie du 13ème Bataillon de Génie. Accompagnés par Georges Chevallier, habitant Antony et qui dit bien connaître la banlieue parisienne, ces 150 hommes se faufilent par l'Haÿ les Roses, Cachan, Arceuil, porte d'Italie. Un Arménien de Paris, Lorenian Dikran, propose alors ses services pour les guider jusqu'à l'Hôtel de Ville en évitant les barrages allemands. Jeanne Borchert, inspectrice des PTT en costume régional alsacien, prend place sur le capot de la jeep du capitaine et ouvre la marche. Impossible pour Dronne de la déloger ! Rue de la Vistule, rue Baudricourt, rue Nationale, place Pinel, rue Esquirol, boulevard de l'Hôpital, quai de la Rapée, quai Henri IV, quai des Célestins, quai de l'Hôtel de Ville. Il est 21h22. La chevauchée n'a pas rencontré un Allemand mais a dû se frayer péniblement un passage au milieu de la foule en délire. L'émotion est à son comble. Les cloches de toutes les églises parisiennes sonnent à la volée. Le gros bourdon de Notre Dame couvre à peine la Marseillaise entonnée sur le Parvis.


des plaques commémoratives jalonnent aujourd'hui cet itinéraire

le capitaine Raymond Dronne, né le 8 mars 1908, administrateur au Cameroun, est officier de réserve en 1940. Il rallie, parmi les premiers, la France libre et le colonel Leclerc. Il commande la 9ème compagnie du 3ème RMT, dite la "Nueve", car elle est essentiellement composée de volontaires espagnols. Colonel en 1947, il quitte l'armée et se lance dans une carrière politique, maire, député et sénateur de la Sarthe.

 

son adjoint, le lieutenant Amado Granell, est un ancien officier espagnol; journaliste à la radio de Madrid, après la guerre, il mourra dans un accident de voiture en 1972.

 

le chauffeur du capitaine, Krikor Pirlian, Arménien originaire de Constantinople, sera tailleur à Nice après la guerre.

 


Elément de la 9ème compagnie du 3ème RMT

(tous les détails proviennent des ouvrages du capitaine Dronne; voir bibliographie)

Section de commandement

– Aspirant Cascaye, alias Bacave, pied-noir d'Algérie

– Adjudant François Neyret, sous-officier de la Coloniale

– Sergent-chef Valéro, pied-noir d'Algérie

– Sergent Pavloff

2ème section de combat :

– Sous-lieutenant Michel Elias, étudiant de l'Ecole nationale de la France d'Outre-Mer; il sera grièvement blessé le lendemain place de la République

Sergent-chef Bernal Martin, alias Bernal Garces, matador à Saragosse; il s'est réfugié en France à la fin de la guerre d'Espagne et s'est engagé dans la Légion étrangère. Après la guerre il montera une entreprise de cordonnerie dans la région parisienne avec son frère rescapé de Mauthausen.
 
 
 
Sergent José Cortes
 
 
 
 
 
– Sergent Antonio Llordens
– Sergent Laffitte
– Sergent Callero
– Sergent Faustino Solana
– Sergent Marty
 
3ème section de combat :
 
Adjudant-chef Miguel Campos, anarchiste d'origine canarienne réfugié à Oran après la guerre d'Espagne. Il a rejoint les Corps francs d'Afrique et a participé à la campagne de Tunise. Il sera porté disparu le 14 décembre 1944 au cours d'une patrouille en Alsace.
 
 
 
– Sergent-chef Johann Reiter, fils d'un officier de l'armée impériale allemande exécuté par les nazis en 1934. Engagé dans la Légion étrangère, il a participé à la campagne du Maroc mais a été ramené de force en Allemagne. Parvenant à s'enfuir, il s'enrôle dans les rangs des Républicains espagnols pendant la guerre d'Espagne qu'il termine avec le grade de commandant, chef de brigade. Il se réfugie ensuite à Oran (Algérie), est emprisonné lors de la déclaration de guerre en 1939 puis libéré après le débarquement américain fin 1942. Il s'engage alors aux Corps francs d'Afrique et rejoint la 2ème DB dans les rangs de laquelle il fera les campagnes de France, d'Allemagne et d'Indochine.
 
– Sergent Blanco
– Sergent Morillas qui sera tué le 12 septembre 1944 d'une rafale de mitrailleuse à Andelot.
– Sergent Enrique Jimenez
– Sergent David Ramon Etorit, fils d'un industriel catalan. Il sera tué le 14 octobre 1944 au cours d'une patrouille à Ménarmont.
 

 

   

Les véhicules et quelques équipages : (sources : Album Alain Eymard et revue Caravane In memoriam)

Jeep Mort aux cons (?) : capitaine Raymond Dronne, Krikor Pirlian, Marcel Bodiot.

Half-track Les Cosaques : lieutenant Amado Granell et sergent-chef Pierre Valero

Half-track Rescousse : adjudant François Neyret et sergent Pavloff, sergent-chef Dubon, sergent-chef Jean Rigas,

Half-track Résistance : sous-lieutenant Michel Elias, sergent José Cortes

Half-track Teruel : sergent-chef Bernal-Martin (dit Bernal-Garces), sergent Llordens, sergent Lafitte

Half-track Libération : sergent Callero

Half-track Nous Voilà : sergent Solana

Half-track l'Ebre : sergent Marty

Half-track Tunisie : adjudant-chef Miguel Campos, sergent Blanco

Half-track Brunete : sergent-chef Reiter

Half-track Amiral Buiza : sergent Morillas

Half-track Guadalajara : sergent Enrique Jimenez, Daniel Hernandez, Marc Haudos de Possesse

Half-track Santander : sergent David Ramon-Etorit

Half-track Les Pingouins : Pablo Garcia

à placer : "Fernandel", "El Gitano", José Ortiz-Barrionuevo, "Carpalo", José Enguidanos (chauffeur de HT), René Guillon, Mazy,


Elément de la 2ème compagnie du 501ème RCC

1ère section du lieutenant Michard

La section Michard au repos au Bois de Boulogne

photos Marc Eve, fils de Gaston, le pilote du Montmirail  (Gaston Eve et les Français libres)

Gaston Eve est le fils d'un vétéran des Royal Fusiliers anglais de la Guerre 14/18 ayant épousé une Française en 1919. Il s'engagera dans les Forces françaises libres en février 1941 avec l'assentiment de sa mère mais au grand mécontentement de son père qui estimait qu'il devait combattre dans les rangs de l'armée anglaise.  Gaston rentrera chez lui en 1945 avec le grade de sergent et une Croix de guerre remise par le général Leclerc. En octobre 1945 il épouse Odette, la jeune fille qu'il a protégée de la mitraille le 25 août 1944 place de la Sorbonne.

Le Montmirail :

Lieutenant Louis Michard, 30 ans, chef de section qui sera tué le 28 janvier 1945 à Grussenheim.
 
 
 
 
 
Gaston Eve, pilote
 
 
 
 
 
Paul Casanova, aide pilote
 
 
 
 
 

Etienne Florkowski, tireur
 
 
 
 
 

Paul Lhopital, radio chargeur
 
 
 
 
 
 
Le Romilly :
 

Adjudant-chef Henri Caron, 29 ans. Il sera mortellement blessé le lendemain 25 août place de la République.
 
 
 
 
 

Francis Jaouen, pilote
 
 
 
 
 

François Collon, aide pilote
 
 
 
 
 

Pierre Coatpehen, tireur
 
 
 
 
 

Roland Hoerdt, radio chargeur
 
 
 
 
 
 
Le Champaubert :
 

Sergent Yves Triolet, chef de char
 
 
 
 
 

Léo Jouhet, pilote
 
 
 
 
 

Georges Renou, aide pilote. Il sera tué le 2 octobre 1944 lors de la destruction du char à Anglemont.
 
 
 
 
 

Roger Norcy, tireur. Il sera tué le 2 octobre 1944 lors de la destruction du char à Anglemont.
 
 
 
 
 

Roger Thomas, radio chargeur. Il sera tué le 2 octobre 1944 lors de la destruction du char à Anglemont.

 
 
 
 
 
 

 


Elément du 13ème Bataillon de Génie

2ème section de la 3ème compagnie de combat :

– adjudant Cancel, chef de section

– sergent Meyer

– sergent Reissier qui sera tué le 28 janvier 1945 à Grussenheim

– sergent Cantarel

– sergent Bringas

– sergent Singer

les sapeurs Grataloupt et Pottier sont invités à boire un verre à l'Hôtel de Ville

 

Les véhicules et quelques équipages :

Jeep Le Criquet : adjudant Cancel

Half-track Le Méthodique : sergent Reissier

Half-track Le Volontaire : sergent Cantarel, sergent Singer, sapeur Grataloupt, sapeur Pottier, sapeur Jacques Dejouy

Half-track L'Entreprenant : sergent Bringas

 

Notons enfin la présence du motard Jean Michaux, de la 397ème compagnie de transport, que le capitaine Dronne a embarqué avec lui dans cette expédition. Il se souvient :

A la Croix de Berny, à Antony, je me trouve non loin d'un groupe d'officiers dont le général Leclerc et le capitaine Dronne.

"Michaux ! Tu viens avec !" m'interpelle Dronne que je connais depuis Bangui.

Je ne connaîtrai le but de la mission qu'en cours de route. Un autre motard était du voyage mais je ne l'ai pas retrouvé à l'arrivée. Le parcours fut très difficile, surtout à moto … mais ce fut une belle aventure. A l'Hôtel de Ville, accueil très chaleureux … mais les insultes et les règlements de compte entre "vrais" et "faux" résistants prirent vite le dessus. Pour moi ce fut une déception, mais vite effacée par la rencontre de Robert Lemaire, ami de mes parents et policier de la Préfecture en poste boulevard de l'Hôpital. C'est lui qui viendra me rendre visite lors de mon séjour au Val de Grâce. Malheureusement, le 27 août, un de mes hommes, René Benay, était fauché par une rafale de mitraillette partie accidentellement. Il tenait en mains la permission que je venais de lui remettre. Bien triste souvenir …

Vous pourrez lire le témoignage de Jean Michaux sur le décès de Ali Djermouni et de Georges Villefroy de Silly à Rungis et vous y suivrez à la trace les combats de la 2ème DB en région parisienne (plaques et monuments commémoratifs, cimetières).

A lire également dans le site : Sur les traces de la 2ème DB  L'entrée de la 2ème DB dans Paris  La 2ème DB dans la Libération de Paris  Auguste Fenioux, alias Francesco Jacques  Le périple d'Alexandre  L'amazone de la 2ème DB