Françoise – Les carnets de mon père – 21 Août 1944

La matinée dans notre coin est calme, cependant des bruits circulent, la trêve est rompue. On s’attendait à ne plus voir d’Allemands dans Paris, cependant à la Porte d’Orléans le poste est toujours là, retranché derrière ses barbelés ; sur les boulevards de ceinture des camions passent à toute allure hérissés de fusils et de mitrailleuses. Peu de monde dans les rues, toutes les boutiques de commerçants sont fermées.

L’après midi nous tuons le temps en faisant un bridge dans la cour de l’immeuble où nombre de locataires prennent le frais.

Vers seize heures nous allons, madame Reuter, monsieur Decamps et moi au Parc Montsouris ; on entend le grondement du canon et les détonations plus sourdes d’explosions d’ouvrages d’art et dépôts de munitions que les Allemands font sauter depuis samedi. Nous remontons l’avenue Reille et voulons passer rue de la Santé mais une fusillade éclate rue de Tolbiac. En conséquence nous nous dirigeons vers l’avenue d’Orléans par la rue d’Alésia. Une voiture de FTP arrive à vive allure, s’arrête à cinquante mètres de la place d’Alésia et des gamins de dix-sept ans au plus en descendent la mitraillette au poing pour se mettre en position de tir … on se demande contre qui !

Nous rentrons alors qu’une vive fusillade éclate entre le poste allemand de la Porte d’Orléans et des insurgés postés au coin du boulevard Brune et de la rue Friant. Elle se poursuit sans grands résultats des heures durant. Vers dix-neuf heures de Sainte-Marie arrive chez moi, interloqué d’avoir entendu des coups de feu de partout car on se bat aussi à Montrouge et sur le terrain vague de l’ancienne zone. La pluie tombe et  le soir vient ; des enragés tirent toujours boulevard Brune contre un petit char boche qui riposte de la Porte d’Orléans au canon de 37. Dans l’immeuble en face chez nous un homme a été tué à sa fenêtre et tandis que le feu s’arrête avec la nuit les brancardiers l’emportent.

Gustave Pommier a été touché mortellement lors de la fusillade contre le poste de la Porte d'Orléans qui protége le garage allemand. Son corps ne sera découvert que le 26 août dans le terrain vague qui borde la rue Reille.


mardi 15 août 1944
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