Franck – Mon grand-père a été tué sur le Pont Neuf


Plaque commémorative sur le Pont-Neuf

Au cours de mes recherches j'ai pu consulter le dossier personnel de René Revel, gardien de la paix du 15ème arrondissement, tué le 19 août 1944 pour la Libération de Paris. Outre sa date d'entrée dans la police, sa situation de famille, son adresse et son affectation, on peut y lire qu'il a été mortellement blessé de deux balles dans le cou tirées par les occupants d'une voiture allemande sur le Quai Conti; transporté immédiatement à l'Hôtel Dieu il y décède quelques instants plus tard; il sera inhumé le 22 août au cimetière de Thiais.

Il ne s'agit là que d'un rapport administratif en vue de l'attribution de la Légion d'honneur et d'une Citation à l'Ordre de la Nation.


Franck, son petit-fils, a voulu en savoir plus. Il a recueilli les souvenirs de son père et de sa grand-mère, a consulté plusieurs documents conservés dans la famille, a même retrouvé le témoignage du gardien de la paix Le Guillou, blessé au cours de l'épisode qui coûtera la vie à René Revel.

En hommage à son grand-père, il a fait paraître un article dans la Tribune de l'Ardèche le 27 août 2004.

René Revel est né le 13 février 1905 à Vals (Ardèche). Certificat d'études primaires, apprentissage du métier de serrurier, maréchal des logis au 93ème Régiment d'Artillerie de Montagne, retour à la vie civile …

Le 8 octobre 1931 il épouse Suzanne Lacoste. Les jeunes mariés s'exilent presque aussitôt à Paris où René entre à la Préfecture de police.

Affecté au commissariat de police de Javel dans le 15ème, il ne reste pas inactif pendant l'Occupation : distribution de tracts de la résistance, aide aux juifs menacés d'arrestation …

Début août 1944 il affiche ouvertement son appartenance au mouvement Honneur de la Police.

Le 19 août il participe à l'investissement de la Préfecture de police puis rejoint son groupe franc du 15ème arrondissement. Avec son collègue Le Guillou, il attaque une voiture allemande, en capture les occupants et récupère une arme automatique. Dans la soirée les deux hommes sont postés à l'angle du Quai Conti et du Pont-Neuf afin d'empêcher tout véhicule ennemi de s'approcher de la Préfecture.

Mais un milicien les a repérés et les désigne à des soldats allemands. René Revel se redresse pour abattre le dénonciateur … Un soldat tire une rafale de mitraillette. Le Guillou est grièvement blessé au ventre, René reçoit deux balles dans la gorge.

Il est immédiatement transporté à l'Hôtel Dieu où il décède quelques instants plus tard.

Son corps sera ramené à Vals le 27 juillet 1947.